Il jouxte à sa droite l’école primaire de La Régie et fait
face au centre de soins des sœurettes, actuel centre médical de diabétologie,
il changera de look et revêtira l’uniforme d’un centre de sports version 2000.
Un charmant petit coin douillet à l’ombre d’une riche végétation
verte, où il fait bon vivre. Son emplacement en ce lieu, à l’ombre des
peupliers, lui confère une très belle vue sur
la placette, la Cité Thiers, et la Cité Revoil. Ils n’étaient pas aussi hauts ces arbres, elles qui ne cessaient de grimper au loin … aujourd’hui patriarches. Un bel éventail de pins et d’eucalyptus qui auraient tant de choses à nous raconter s’ils avaient une langue pour parler.
la placette, la Cité Thiers, et la Cité Revoil. Ils n’étaient pas aussi hauts ces arbres, elles qui ne cessaient de grimper au loin … aujourd’hui patriarches. Un bel éventail de pins et d’eucalyptus qui auraient tant de choses à nous raconter s’ils avaient une langue pour parler.
vieille mémoire des années 60.
C’est ici, en 1963 / 1964 que les pupilles du Ruisseau, dont
je faisais partie, venaient se réchauffer pour des séances d’entraînement, et
exhiber leurs talents de futurs joueurs, sous la houlette de maître Djaâfar
Selznik.
Le stade de basket-ball de la rue des Sports occupera le
second rang après le stade de basket-ball du J.U.D.B de l’Oued-Kniss, et la seconde
place, ou celle du milieu, avant le stade de la S.N.C.F.A de la rue Sadi
Carnot, actuelle Hassiba Ben Bouali, qui se trouve être le dernier.
Elle « portera bien son nom »
cette rue des Sports, et donnera naissance à de grands joueurs de
basket-ball, les Barkat, les Sahnoun, les Benamara … et à
d’autres joueurs de football, les Berroudji, les Guerrinzi, les Lalla,
les Bachta … et à tant d’autres …
vieille mémoire
des années 60.
Remarquons le charme fou de cette belle, très belle et longue
avenue qui transporte avec elle le souvenir des vieilles années 40/50/60.
On y ressent à l’intérieur de la cour des sœurettes la chaleur du
cœur, la bonté de l’âme, la force en soi, l’amour du prochain, la rédemption de
Jésus et la foi en Dieu le tout-puissant. Il y laissera place, il y’a près de
douze ans à un nouveau centre médical de diabétologie qui sera baptisé Bachir
Ladjouzi.
Naguère, de petites tiges métalliques laissaient entrevoir
l’intérieur de la cour des sœurettes, aujourd’hui condamnée à la vue par un
long mur d’enceinte.
Jadis, une porte communicante donne accés directement sur le jardin
d’essais. Tard le soir, à la lueur de la douce clarté du clair de lune, les
sœurettes se livraient à une petite promenade. D’autres assises sur un banc
public s’adonnaient à une profonde méditation religieuse. Pour le bonheur de la
petite famille ruisséenne, les sœurettes s’y rendaient à pied, à vélo, en
voiture Volkswagen dans les foyers les plus reculés de la ville. Comme à chaque
fois, c’est pour s’y enquérir de l’état de santé d’une personne impotente réduite à
l’incapacité de se déplacer, assister une maman sur le point d’accoucher,
prendre des nouvelles d’une mère en détresse ou même surveiller la posologie
médicale de certaines personnes illettrées.
Douces, chaleureuses, pleines de vie et de dévouement, furent les
sœurettes du Ruisseau, dont les dernières ont quitté La Régie en
91, fuyant le terrorisme…
Sacrée meilleure photo de la série « les grandes aventures ».
« Les hommes en blanc » tel
est le titre du livre du Dr André Soubiran.
Elle porte tant bien que mal son nom, cette rue des Sports.
Un qualificatif longtemps sujet à équivoque et qui fut à l’origine de bien de tracasseries.
Prudente et toujours réservée, la rue des Sports préfère garder ses
distances par rapport à ses ainés du Mont-Fleury, du Chemin Vauban,
de la rue de Lyon, de la rue de Polignac, de la rue Sadi
Carnot … qu’elle juge égocentrique. Elle fut la seule, croit-on savoir, à
se battre contre la présence houleuse des supporters venus en force au Stade
Municipal. Elle a finalement réussi avec l’avènement du Stade Med
Boudiaf¸à Chéragas.
Une belle et longue artère qui, vue d’en haut, offre l’image d’une
queue de lézard exposée paresseusement au soleil ruisséen. Un quartier,
longtemps réputé pour être le bastion de l’intelligentsia et des « jeunes
loups ». Il dispose, disait-on d’une grande longueur d’avance sur les
autres. Un atout considérable en ce temps là.
Naguère, le parfum ivre des essences séculaires du jardin d’essais
vous invite à faire halte ici, à vous reposer sur la placette et à apprécier le
charme de cette longue avenue bordée d’arbres.
On remarque à la gauche de l’ex centre de soins des sœurettes, un
immeuble qui portait jadis le N° D. C’est ici que résidait Marie-Renée
Zerringer. Légèrement plus haut, y habitait dans l’immeuble A, Simone
Félicie Serror. Tout près d’ici, dans cet autre immeuble qui affichait le
N° C y demeurait Marcel Joseph. Et plus bas, dans cet autre
immeuble qui portait le N° G y logeaient les Berthollet.
Comme drapé d’un drapeau blanc, l’ex centre de soins nous présente
la façade d’un harem qui laisse entrevoir ses petites moucharabieh*
ou meurtrières qui vous dévisagent de partout.
Sacrée meilleure photo de la série « les grandes aventures ».
vieille mémoire des années 60.
Moucharabieh : Il est précédé du « préfixe » mouchar, et est
suivi du « suffixe » arabieh et signifie le mouchard arabe ou mieux
encore le mouchard de l’arabe (ieh). Il revêt le même sens que fenêtre et
désigne ces petites ouvertures spécialement ménagées dans le mur d’une
citadelle, d’une forteresse, d’une casbah, d’un patio … Elles permettent au
harem du Dey d’observer ce qui se passe au dehors, dans la cour, ou ailleurs
sans être vu – la moucharabieh qui se trouve dans un angle stratégique, n’étant
connue de personne –. Elles ont pour but également de servir de point
d’observation pour la garde janissaire, de répondre à une riposte en cas
d’attaque ou de couvrir la fuite du sérail, dans le cas échéant. Donc,
contrairement à ce que dit le lexique, moucharabieh est un dérivatif de
mouchard qui se trouve emprunté du vocabulaire français mouchard et n’appartient
point à la langue arabe.
Harem : Dans le cas d’une nouvelle prise de butin (ou marchandises plus
fraîches) les nouvelles captives, blondes aux yeux bleus ou verts, pour la
plupart européennes ou scandinaves, iront supplanter les anciennes captives qui seront
reléguées au second rang, à titre, cette fois, de courtisanes.
janissaire : Un nom aux origines obscures, probablement ottoman, qui comporte
le mot « assir » qui signifie prisonnier ou captif, en arabe. Il
s’agit d’un corps de l’armée régulière chargé de la défense du palais et est
composé en grande partie de la progéniture du harem.
Mamelouk : Il emporte la même nuance que le précédent et signifie « possédé »,
en arabe. C’est également le nom que l’on donne à un captif qui finira par être
un esclave, qui ne s’appartient plus, qui deviendra la propriété d’autrui … qui
sera soumis à la volonté des autres. Blonds aux yeux bleus, tout comme leurs ascendances,
ce sont les rejetons même du harem ou le produit de la semence des maîtres du
palais. Ils seront enrôlés très jeunes dans la garde royale et serviront
jusqu’à l’âge de quinze ans de marionnettes prêtes à assouvir à tout moment
l’instinct sexuel, et l’appétit insatiable des khédives.
Photo
prise le 20-03-2014
Cette
photo a été prise en mon absence. Le photographe, n’ayant pas connaissance de
l’endroit exacte de l’ex boulangerie « Le soleil » a orienté par
erreur l’objectif du portable vers les locaux situés à la droite de celle-ci …
La baguette Salors,
fidèle compagnon du béret basque, du cache-nez, du panier* en osier,
de la musette* et de la bouteille de vin rouge.
Une baguette
qui fuira une Espagne meurtrie et ravagée par la furie dévastatrice d’un
Franco hystérique. Une baguette effilée, longiligne qui traînera avec
elle, et partout dans le monde, le qualificatif de pain « parisien* ».
Une baguette croquante, craquante, dorée et toute chaude qui fredonne la
« Marseillaise* » à la sortie du four, qui vous invite et
vite à la casser en deux pour y « casser la croûte ».
Une baguette
qu’on entend ronronner dans le fournil, qui chante, qui sautille, qui gémit à
la sortie du four, qui vous enchante au toucher, qui se prête facilement aux
délices d’une table bien garnie, et qui entonnera pour vous, et pour vous
seulement, un petit refrain à la gloire d’une vieille époque longtemps révolue.
On parlera
longtemps de la baguette Salors qui a réussi à s’installer dans les
foyers ruisséens, qui a séduit les petites tablées conviviales et qui fut
longuement appréciée par les cheminots des ateliers de la S.N.C.F et le
personnel des usines de la rue Sadi Carnot.
DE
SUZANNE À MONTIEL … IL N’Y A QU’UN PAS
On gardera en
mémoire l’image du couple Suzanne et Marcel qui se présente chez
Mme Montiel pour l’achat d’une baguette de pain, une fois tous les trois ou quatre jours …
Mme Montiel pour l’achat d’une baguette de pain, une fois tous les trois ou quatre jours …
C’est dire que
le français n’est pas un gros mangeur de pains.
Panier :
Il fut très apprécié pour les courses du matin de madame ou les petites
provisions de la ménagère. Idéal pour les sorties des week-ends de famille, il
sert à contenir, outre une baguette de pain, un poulet rôti préparé la veille,
une tranche de pâté, un saucisson, une boîte de corned-beef, une boîte de
camembert, un pot de yaourt, une grappe de raisin, une pomme ou une orange, un
biscuit, un croissant ou brioche pour les petits et une bouteille de vin.
Musette : Sac
en toile, muni d’un cordon à l’extrémité basse et haute, qu’on porte sur
l’épaule. Il fut longtemps en usage en France, en Espagne, en Italie,
au Portugal, à Malte, au Maghreb et est très estimé par
les ouvriers de Renault, de Peugeot, de Citroën, de Michelin,
de Berliet …
Parisien : Il
sera admis dans le cercle académique des Sciences et des Arts qui lui
donnera l’appellation de « flûte ». Un terme qui, passé dans
le jargon rural fut communément repris par le bas peuple. Cette fois, la
« flûte » revêtira son plus bel habit d’apparat et pavanera à
sa guise dans les rues de Paris, arborant et fièrement ses plus beaux
atouts. Une grande variété de pains aux multiples facettes.
« La Marseillaise » :
A vos palais dégustateurs assoiffés
Qu’un chant pur abreuve nos sillons Posez ici vos baluchons et vos capuchons Croisez vos fleurets gros ventres affamés Gais lurons, qu’un son doux et mou Réjouissez-vous, grosses gueules et fins gourmets Aujourd’hui, c’est le jour de la piété Chantez ! Dansez !. bientôt, au menu Petites fournées de pains de farine de sarrasin |
Gourmets et fins testeurs raffinés
Et affectionne nos tristes gueuletons
Et offrez-vous une bonne tranche de saucisson
L’heure de vérité est arrivée
Affecte nos champs de boue
C’est la fête de la Trinité
C’est le jour de l’offrande dédié à la divinité
Gros saucissons et jambons fumés
Gâteaux secs et glacés pour nos boyaux éplorés
|
23.
L’EX BOULANGERIE « LE SOLEIL » DE SALORS - LE RUISSEAU –
II
Photo prise le 20-03-2014
La boulangerie « Le Soleil » n’étant pas représentée sur
la photo. Elle domine de face le commissariat du Ruisseau et jouxte à sa gauche
un café qui fait l’angle. Sur le côté latéral de ce dernier, une rue marque la
séparation d’avec les ex Ets Cauvin – Yvose et la boulangerie
«Le Soleil » et mène directement vers le quartier du Mont-Fleury.
«Le Soleil » et mène directement vers le quartier du Mont-Fleury.
C’est le soleil du Midi auquel faisait allusion Salors, l’ex
propriétaire de la boulangerie
« Le Soleil ». C’est lui, le matador, le flibustier des temps anciens, le fidèle serviteur de la baguette ruisséenne, disait-on au Ruisseau. La petite vedette de ce petit coin tant attitré, ne cessait-on de le répéter. Et c’est ici, au Ruisseau, qu’il laissera choir, en 1962, son four à briques réfractaires, son « abreuvoir » à deux bras, et sa pelle à enfourner. Une petite merveille qu’il laissera traîner derrière lui et qui laissera tomber une nouvelle fois, mais cette fois, de petites pépites en or, ou pâtons, qui iront directement aux mains des Hamlat, les frères Zoubir et Youcef.
« Le Soleil ». C’est lui, le matador, le flibustier des temps anciens, le fidèle serviteur de la baguette ruisséenne, disait-on au Ruisseau. La petite vedette de ce petit coin tant attitré, ne cessait-on de le répéter. Et c’est ici, au Ruisseau, qu’il laissera choir, en 1962, son four à briques réfractaires, son « abreuvoir » à deux bras, et sa pelle à enfourner. Une petite merveille qu’il laissera traîner derrière lui et qui laissera tomber une nouvelle fois, mais cette fois, de petites pépites en or, ou pâtons, qui iront directement aux mains des Hamlat, les frères Zoubir et Youcef.
Cette fois, c’est le pain des Hamlat, qui laisse échapper
cette bonne odeur de farine qui rappelle les douces saveurs oubliées d’une
enfance lointaine et joyeuse. Un pain qui vous captive à l’entrée de la
boulangerie, qui vous séduit et vous sourit et debout sur la panière, et qui se
laisse facilement emporter à la dégustation.
C’est le pain chaud des Hamlat, bellement façonné à la main,
comme enduit d’une crème vanille au chocolat, qu’on emporte gaiement sous le
bras en sifflotant, et qu’on prend plaisir à amputer de ces quignons tendres et
craquelés en cours de route, et dont il ne restera enfin plus rien, une fois
arrivé à la maison.
LE PAIN DES AMIS
« Ramène-moi du pain de chez « Le Soleil », me disait mon père en ce jour de repos. « Ne t’en fais,
je le reconnais » s’empressa t’il de rajouter comme pour me mettre en
garde contre toute nouvelle tentative de fraude. Il savait mieux que quiconque
que j’éprouverai de la peine à y aller au-delà de la boulangerie de Mme
Montiel. Alors, il préfère m’informer à l’avance pour éviter tout excès de
langage qui ne mènera à rien.
LUI … C’EST EL-HADJ « SOLEIL »
« Un bel homme et il approche la cinquantaine » disait-on à propos de « Ammi » El-Hadj*. Il
fait bien son âge, lui qui traîne et partout avec lui ce physique éclatant
laissant découvrir toute la blancheur d’une peau kabyle. Il était beau avec cette
moustache grisonnante finement retroussée vers le haut et ces yeux de bébé dissimulés
derrière un sourire malicieux. Il était et demeure toujours séduisant avec ce
regard angélique qui ne le quitte presque jamais et qui reflète toute la gaieté
du cœur des gens de Ain-el-Hammam ex Michelet.
vieille mémoire des années 60.
LE SOLEIL DES BRAVES
Un vieil ami à mon père et de longue date. Je le revois encore
emprunter à pied, d’un pas alerte et décidé, la rue de Lyon. Tel un loup
blanc, « Ammi » El-Hadj ne passe pas inaperçu, avec ce corps trapu, cette taille moyenne drapée dans cette large
gandoura blanche, ce turban docilement posé sur une tête sereine et ces doigts
fortement cramponnés autour d’une canne d’olivier qui ne le quitte jamais. Ce
jour là, il s’empresse de rejoindre le café maure de Brahim à l’Oued-Kniss.
Comme souvent, c’est pour y retrouver les siens et créer l’ambiance d’un soir
autour de quelques tasses de café et une bonne partie de dames.
Un conflit familial qu’il convient de ne pas évoquer endeuillera
cette famille et mettra fin à l’activité de cette boulangerie fermée depuis l’année
1991.
vieille mémoire
des années 60.
Sacrée
meilleure baguette du Tout-Ruisseau
Méritait en son temps la palme de « l’épi d’or » de la
meilleure boulangerie du Ruisseau
El-Hadj : Titre de
sainteté attribué à toute personne de retour du pèlerinage des lieux saints de
l’islam.
24.
L’EX BOULANGERIE « LE SOLEIL » DE SALORS - LE RUISSEAU – III
Photo prise le 20-03-2014
Cette fois, le photographe s’apprête à quitter les lieux. Il amorce
le virage à bord de son véhicule en marche, à l’angle même du Lycée Technique,
et dirige la lunette du portable à deux pas près de l’ex boulangerie « Le
Soleil ». On voit apparaître une importante zone sombre, liée à la vitesse
de la voiture, au moment du clic.
Elle est bien loin l’épopée fleurie du pain bien pétri à la main et
légèrement fermenté au levain, cuit à la douceur d’un feu doux, livré aussitôt
aux caprices d’une balance indocile et cédé quelquefois à la lame effilée d’un
tranchoir qui ne laisse rien échapper au hasard. Que de formes excentriques et
fantaisistes. Que de noms bien originaux pour des baguettes biscornues,
cornues, et tordues, à qui on aimerait bien tordre le cou pour en finir une
bonne fois pour toutes. Que de variété autour d’une riche floraison de pains
que l’on retrouve sur le présentoir en bois : On parlera du pain de campagne,
du pain complet, du pain de seigle, de la baguette, de la couronne, de la
ficelle, du pain blanc, du parisien, du saucisson, du bâtard, de la fougasse,
du pain de mie, des petits pains, du pain brioché, du pain grillé et croquant,
et de ces petites biscottes bien tournées et bien traitées. Il est vrai qu’on
est loin, du pain noir des pauvres, de la miche paysanne d’autrefois, du pain
noir des allemands, du pain gris de la guerre, du pain jaune de la libération
et du pain de maïs américain.
UN ETE 42 Ce titre est tiré du film
Des sacs de blé, de farine, de semoule, d’une bonne valeur nutritive,
disait-on, furent ramenés en grande quantité par les troupes américaines, lors
du débarquement des alliés, en 42. Ils seront parqués au Stade du Revoil du
Ruisseau, véritable raccard à blé à l’époque. Quelques uns seront dérobés,
la nuit tombée, par les jeunes ruisséens, ex vétérans de l’O.M.R, dont
certains demeurent encore en vie, d’autres décédés.
SI LE GRAIN NE MEURT … André
Gide
Ce sont ces longs épis dorés au soleil de Echéliff, de Vialar*,
de Tiaret, de Sétif, de Bordj Menaïel, de Aïn-Bessem*,
de Médéa qui iront rejoindre les minoteries de Durroughs, de Narbonne,
de Barkatz, de Cornut, de Pons, de Ricci, de Ferrero*
et de tant d’autres … où ils déposeront leur musc tendre et visqueux, avant
d’être engouffrés dans la gueule d’un four impitoyable et jetés ensuite dans
une corbeille en osier. On parlera et pour l’éternité de ces longs épis blonds,
jaunis, grisés et recourbés par le soleil constantinois et qui ont fait jadis
le bonheur des hauts plateaux de la Hodna.
ET LA MAIN DANS LA MAIN … Françoise
Hardy
Des meuniers qui travaillent d’arrache-pied, la main dans la main
avec de riches exploitants agricoles, comme ce fut le cas de Narbonne
avec Durroughs (un panneau indicateur fixé au sol, à l’entrée des ex
terres de Durroughs, porte l’inscription Droux). Ils finiront par
s’associer pour mener à bien leur tâche … afin de faire le bonheur des autres.
Un bonheur qui y subsiste jusqu’à ce jour.
LA HOUE, LA ROUE ET LA … BOUE
« Par l’épée et par la charrue » avait dit le maréchal Bugeaud. Ces pionniers de la seconde
dimension ont préféré le soc de la charrue et les entrailles de la terre à
l’épée. L’histoire leur donnera raison. Voyons ce que dit Borgeaud à
propos de cette terre qu’il avait qualifié, avant son départ en 1962, de nouveau-né,
à qui il donnerait encore la tétée. « Mais Mr Ben-Bella,
c’est un nouveau-né que j’ai dans les bras. Je ne puis l’abandonner en ce
moment même. Le quitter dans cet état, c’est l’exposer à une mort certaine.
C’est un crime ! Laissez-moi tout juste le temps de le voir trottiner, et
je m’en irai enfin rassuré. Trois ou quatre ans auront suffi. »
Ce petit bébé qui a pour nom Mitidja ne résistera pas
longtemps à la folie meurtrière des hommes. Il sera livré à la furie bétonnière
d’un monde boulimique qui ne ménagera rien sur son passage et mourra écrasé
sous l’imposante masse de béton qui engloutira à jamais cette riche, belle et
immense plaine.
LE PAIN DE LA TRINITE
Béni par Dieu lui-même, vénéré par les dieux de l’antiquité,
béatifié par le pape, sanctifié par la loi de l’Eglise, sacralisé par les
fidèles, sacrifié au récital de la bénédicité, recommandé par les diététiciens,
le pain est devenu un objet de culte. Il traîne avec lui cette notion
religieuse qui accompagne partout notre repas Pantagruel. C’est le pain de
l’eucharistie ou le don du Christ. Un pain réclamé par tous les hommes de la
terre, qui trouvera toujours quelqu’un pour le façonner, modeler et en faire un
don aux fidèles. C’est la divinité même du Christ. Un pain bombé telle une
brioche ronde, que l’on distribue gracieusement pendant la messe du dimanche
matin ou durant la grande cérémonie des journées de l’apage.
DU SOLEIL SUR LES MAINS Emmanuel
Roblés
« T’es parti dans le vent, tu n’reviens plus jamais, toi le "moulin"
que j’aimais … » disait une
vieille chanson populaire. Ils ne sont plus parmi nous. Ils sont partis dans le
vent, et ce depuis l’épopée chevaleresque de Cervantès et son fameux « Don
Quichotte de la Manche » et le moulin à vent. L’écrivain Alphonse
Daudet, quant à lui, préfère regrouper ses contes et ses romans dans son
moulin à lui. Il nous assure qu’ils sont bien gardés dans un lieu tenu secret
qui a pour titre « les lettres de mon moulin ». Abordons cette
fois les moulins de nos chers meuniers et voyons ce qu’ils ont d’intéressant à
nous proposer.
-
Compagnie algérienne de meunerie : … rue Ménerville,
Alger. Fondée en 1919, meunerie et commerce de grains. 188, rue de Rivoli,
Paris. P.D.G Mr R. Solal.
-
Compagnie franco-algérienne de semoulerie : … rue Bey Med el Kébir, Oran. Succursale à Marseille
au 2, rue Papère.
-
Grands moulins franco-algériens : … route de l’Arba, Maison-Carrée, minoterie, semoulerie,
pâtes alimentaires. P.D.G : Mr Roger Narbonne. Ils
seront cédés à Durroughs.
-
Grands moulins du Hamma : …
rue Lucien Sportisse, Constantine, succursale à Marseille au 88,
rue St Jacques. Minoterie, semoulerie, couscousserie. Gérant
Mr Lucien Magneville.
-
Minoteries Barkatz :
…rue Séguy, Villevaleix, Constantine, semoule et farine.
-
Moulins de Chéliff :
route d’Alger, Orléansville actuel Chélif. Fondés en 1928.
Filiale des grands moulins de Paris.
-
Moulins Cornut (Exploitation des …) : Aïn Fekan à Mascara. Minoterie.
Gérants : Combes et J. Pons.
-
Minoterie et semoulerie Ricci : … route de la gare, Maison-Carrée. Couscousserie, semoulerie
et pâtes alimentaires.
LE GESTE AUGUSTE DU SEIGNEUR Victor Hugo
« J’admire assis derrière un portail ce reste de jour dont
s’éclaire la dernière heure du travail … il va, vient, rouvre la main au loin
et recommence … et je médite obscur témoin …
Vialar : Un ex petit bourg qui doit son nom au baron de Vialar.
Pour s’y rendre en ce lieu, on emprunte l’autoroute qui mène à Oran. Vialar
est situé dans l’axe routier qui relie Khemis-Miliana ex Affreville
et Théniat-el-Had ex Théniat. Longtemps rattaché à Tiaret,
Vialar porte aujourd’hui le nom de Tissemsilt et est le siège d’une
wilaya ou préfecture.
aîn-bessem : Une ex petite
agglomération située sur les hauteurs de l’ex Titteri et de Médéa
auxquels elle fut reliée autrefois. Ses terres riches en céréales furent qualifiées
jadis, selon le bottin colonial, de grenier de l’Afrique. Aïn-Bessem fut
également réputée pour son vignoble de bonne qualité et son vin de haute teneur
et bon marché qui portait naguère l’étiquette de vins de
Aïn-Bessem.
Aïn-Bessem.
-
Moulins Ferrero :
Situés sur les rives de l’Oued de Bou-Saâda, les moulins Ferrero furent
longtemps « alimentés » par la poussé hydraulique des eaux qui en
assuraient la régulation. Ce moulin qui a fait jadis le bonheur de la ville
n’aura plus rien à nous donner cette fois. L’ensemble du site fut hélas emporté
par les eaux en crue, en 1969, par ce même Oued qui l’a aidé à se propulser
vers l’avant et qui « n’avait plus rien à se mettre sous la dent ».
C’est ici, tout près des ex Moulins Ferrero que le film Samson et
Dalila fut tourné vers la fin des années cinquante. On évoquera ce beau et
grand jardin de plants et de roses, situé à proximité de l’Oued, et qui fut
amoureusement entretenu par le personnel de Ferrero.
Ce dernier nous invite à côtoyer le monde imaginaire de l’utopie et
à y goûter les pâtes alimentaires de son usine installée à Belcourt. Ricci
nous propose de visiter son usine de production de pâtes alimentaires située à Blida
et surtout à y veiller au grain après son départ. Quant à Raymond
Pons, Rimo pour les arabes, il nous tire par le bras pour nous
présenter son usine d’Hussein-Dey et nous faire découvrir et apprécier
l’excellente qualité de ses fertilisants qu’il nommera « engrais du Dey ».
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