mardi 5 mai 2015

Mon Ruisseau ...suite2

18.      LE STADE DE BASKET-BALL DE LA RUE DES SPORTS –LA REGIE– LE RUISSEAU –I

Il jouxte à sa droite l’école primaire de La Régie et fait face au centre de soins des sœurettes, actuel centre médical de diabétologie, il changera de look et revêtira l’uniforme d’un centre de sports version 2000.
Un charmant petit coin douillet à l’ombre d’une riche végétation verte, où il fait bon vivre. Son emplacement en ce lieu, à l’ombre des peupliers, lui confère une très belle vue sur
la placette, la Cité Thiers, et la Cité Revoil. Ils n’étaient pas aussi hauts ces arbres, elles qui ne cessaient de grimper au loin … aujourd’hui patriarches. Un bel éventail de pins et d’eucalyptus qui auraient tant de choses à nous raconter s’ils avaient une langue pour parler.

vieille mémoire des années 60.

19.      LE STADE DE BASKET-BALL DE LA RUE DES SPORTS –LA REGIE– LE RUISSEAU –I

C’est ici, en 1963 / 1964 que les pupilles du Ruisseau, dont je faisais partie, venaient se réchauffer pour des séances d’entraînement, et exhiber leurs talents de futurs joueurs, sous la houlette de maître Djaâfar Selznik.
Le stade de basket-ball de la rue des Sports occupera le second rang après le stade de basket-ball du J.U.D.B de l’Oued-Kniss, et la seconde place, ou celle du milieu, avant le stade de la S.N.C.F.A de la rue Sadi Carnot, actuelle Hassiba Ben Bouali, qui se trouve être le dernier.
Elle « portera bien son nom » cette rue des Sports, et donnera naissance à de grands joueurs de basket-ball, les Barkat, les Sahnoun, les Benamara … et à d’autres joueurs de football, les Berroudji, les Guerrinzi, les Lalla, les Bachta … et à tant d’autres …

vieille mémoire des années 60.


20.      CENTRE DE SOINS DU STADE MUNICIPAL - LUCIEN RAYNAUD - LA REGIE - I

Remarquons le charme fou de cette belle, très belle et longue avenue qui transporte avec elle le souvenir des vieilles années 40/50/60.
On y ressent à l’intérieur de la cour des sœurettes la chaleur du cœur, la bonté de l’âme, la force en soi, l’amour du prochain, la rédemption de Jésus et la foi en Dieu le tout-puissant. Il y laissera place, il y’a près de douze ans à un nouveau centre médical de diabétologie qui sera baptisé Bachir Ladjouzi.
Naguère, de petites tiges métalliques laissaient entrevoir l’intérieur de la cour des sœurettes, aujourd’hui condamnée à la vue par un long mur d’enceinte.
Jadis, une porte communicante donne accés directement sur le jardin d’essais. Tard le soir, à la lueur de la douce clarté du clair de lune, les sœurettes se livraient à une petite promenade. D’autres assises sur un banc public s’adonnaient à une profonde méditation religieuse. Pour le bonheur de la petite famille ruisséenne, les sœurettes s’y rendaient à pied, à vélo, en voiture Volkswagen dans les foyers les plus reculés de la ville. Comme à chaque fois, c’est pour s’y enquérir de l’état de santé d’une personne impotente réduite à l’incapacité de se déplacer, assister une maman sur le point d’accoucher, prendre des nouvelles d’une mère en détresse ou même surveiller la posologie médicale de certaines personnes illettrées.
Douces, chaleureuses, pleines de vie et de dévouement, furent les sœurettes du Ruisseau, dont les dernières ont quitté La Régie en 91, fuyant le terrorisme…
Sacrée meilleure photo de la série « les grandes aventures ».

vieille mémoire des années 60.


21.      LA RUE DES SPORTS – LA REGIE – LE RUISSEAU – II


« Les hommes en blanc » tel est le titre du livre du Dr André Soubiran.
Elle porte tant bien que mal son nom, cette rue des Sports. Un qualificatif longtemps sujet à équivoque et qui fut à l’origine de bien de tracasseries. Prudente et toujours réservée, la rue des Sports préfère garder ses distances par rapport à ses ainés du Mont-Fleury, du Chemin Vauban, de la rue de Lyon, de la rue de Polignac, de la rue Sadi Carnot … qu’elle juge égocentrique. Elle fut la seule, croit-on savoir, à se battre contre la présence houleuse des supporters venus en force au Stade Municipal. Elle a finalement réussi avec l’avènement du Stade Med Boudiaf¸à Chéragas.
Une belle et longue artère qui, vue d’en haut, offre l’image d’une queue de lézard exposée paresseusement au soleil ruisséen. Un quartier, longtemps réputé pour être le bastion de l’intelligentsia et des « jeunes loups ». Il dispose, disait-on d’une grande longueur d’avance sur les autres. Un atout considérable en ce temps là.
Naguère, le parfum ivre des essences séculaires du jardin d’essais vous invite à faire halte ici, à vous reposer sur la placette et à apprécier le charme de cette longue avenue bordée d’arbres.
On remarque à la gauche de l’ex centre de soins des sœurettes, un immeuble qui portait jadis le N° D. C’est ici que résidait Marie-Renée Zerringer. Légèrement plus haut, y habitait dans l’immeuble A, Simone Félicie Serror. Tout près d’ici, dans cet autre immeuble qui affichait le N° C y demeurait Marcel Joseph. Et plus bas, dans cet autre immeuble qui portait le N° G y logeaient les Berthollet.
Comme drapé d’un drapeau blanc, l’ex centre de soins nous présente la façade d’un harem qui laisse entrevoir ses petites moucharabieh* ou meurtrières qui vous dévisagent de partout.
Sacrée meilleure photo de la série « les grandes aventures ».
vieille mémoire des années 60.

Moucharabieh : Il est précédé du « préfixe » mouchar, et est suivi du « suffixe » arabieh et signifie le mouchard arabe ou mieux encore le mouchard de l’arabe (ieh). Il revêt le même sens que fenêtre et désigne ces petites ouvertures spécialement ménagées dans le mur d’une citadelle, d’une forteresse, d’une casbah, d’un patio … Elles permettent au harem du Dey d’observer ce qui se passe au dehors, dans la cour, ou ailleurs sans être vu – la moucharabieh qui se trouve dans un angle stratégique, n’étant connue de personne –. Elles ont pour but également de servir de point d’observation pour la garde janissaire, de répondre à une riposte en cas d’attaque ou de couvrir la fuite du sérail, dans le cas échéant. Donc, contrairement à ce que dit le lexique, moucharabieh est un dérivatif de mouchard qui se trouve emprunté du vocabulaire français mouchard et n’appartient point à la langue arabe.
Harem : Dans le cas d’une nouvelle prise de butin (ou marchandises plus fraîches) les nouvelles captives, blondes aux yeux bleus ou verts, pour la plupart européennes ou scandinaves, iront supplanter les anciennes captives qui seront reléguées au second rang, à titre, cette fois, de courtisanes.
janissaire : Un nom aux origines obscures, probablement ottoman, qui comporte le mot « assir » qui signifie prisonnier ou captif, en arabe. Il s’agit d’un corps de l’armée régulière chargé de la défense du palais et est composé en grande partie de la progéniture du harem.
Mamelouk : Il emporte la même nuance que le précédent et signifie « possédé », en arabe. C’est également le nom que l’on donne à un captif qui finira par être un esclave, qui ne s’appartient plus, qui deviendra la propriété d’autrui … qui sera soumis à la volonté des autres. Blonds aux yeux bleus, tout comme leurs ascendances, ce sont les rejetons même du harem ou le produit de la semence des maîtres du palais. Ils seront enrôlés très jeunes dans la garde royale et serviront jusqu’à l’âge de quinze ans de marionnettes prêtes à assouvir à tout moment l’instinct sexuel, et l’appétit insatiable des khédives.


22.      L’EX BOULANGERIE « LE SOLEIL » DE SALORS - LE RUISSEAU – I

Photo prise le 20-03-2014
Cette photo a été prise en mon absence. Le photographe, n’ayant pas connaissance de l’endroit exacte de l’ex boulangerie « Le soleil » a orienté par erreur l’objectif du portable vers les locaux situés à la droite de celle-ci …
La baguette Salors, fidèle compagnon du béret basque, du cache-nez, du panier* en osier, de la musette* et de la bouteille de vin rouge.
Une baguette qui fuira une Espagne meurtrie et ravagée par la furie dévastatrice d’un Franco hystérique. Une baguette effilée, longiligne qui traînera avec elle, et partout dans le monde, le qualificatif de pain « parisien* ». Une baguette croquante, craquante, dorée et toute chaude qui fredonne la « Marseillaise* » à la sortie du four, qui vous invite et vite à la casser en deux pour y « casser la croûte ».
Une baguette qu’on entend ronronner dans le fournil, qui chante, qui sautille, qui gémit à la sortie du four, qui vous enchante au toucher, qui se prête facilement aux délices d’une table bien garnie, et qui entonnera pour vous, et pour vous seulement, un petit refrain à la gloire d’une vieille époque longtemps révolue.
On parlera longtemps de la baguette Salors qui a réussi à s’installer dans les foyers ruisséens, qui a séduit les petites tablées conviviales et qui fut longuement appréciée par les cheminots des ateliers de la S.N.C.F et le personnel des usines de la rue Sadi Carnot.
DE SUZANNE À MONTIEL … IL N’Y A QU’UN PAS
On gardera en mémoire l’image du couple Suzanne et  Marcel qui se présente chez
Mme Montiel pour l’achat d’une baguette de pain, une fois tous les trois ou quatre jours …
C’est dire que le français n’est pas un gros mangeur de pains.
Panier : Il fut très apprécié pour les courses du matin de madame ou les petites provisions de la ménagère. Idéal pour les sorties des week-ends de famille, il sert à contenir, outre une baguette de pain, un poulet rôti préparé la veille, une tranche de pâté, un saucisson, une boîte de corned-beef, une boîte de camembert, un pot de yaourt, une grappe de raisin, une pomme ou une orange, un biscuit, un croissant ou brioche pour les petits et une bouteille de vin.
Musette : Sac en toile, muni d’un cordon à l’extrémité basse et haute, qu’on porte sur l’épaule. Il fut longtemps en usage en France, en Espagne, en Italie, au Portugal, à Malte, au Maghreb et est très estimé par les ouvriers de Renault, de Peugeot, de Citroën, de Michelin, de Berliet …
Parisien : Il sera admis dans le cercle académique des Sciences et des Arts qui lui donnera l’appellation de « flûte ». Un terme qui, passé dans le jargon rural fut communément repris par le bas peuple. Cette fois, la « flûte » revêtira son plus bel habit d’apparat et pavanera à sa guise dans les rues de Paris, arborant et fièrement ses plus beaux atouts. Une grande variété de pains aux multiples facettes.

« La Marseillaise » 


A vos palais dégustateurs assoiffés
Qu’un chant pur abreuve nos sillons
Posez ici vos baluchons et vos capuchons
Croisez vos fleurets gros ventres affamés
Gais lurons, qu’un son doux et mou
Réjouissez-vous, grosses gueules et fins gourmets
Aujourd’hui, c’est le jour de la piété
Chantez ! Dansez !. bientôt, au menu
Petites fournées de pains de farine de sarrasin

Gourmets et fins testeurs raffinés
Et affectionne nos tristes gueuletons
Et offrez-vous une bonne tranche de saucisson
L’heure de vérité est arrivée
Affecte nos champs de boue
C’est la fête de la Trinité
C’est le jour de l’offrande dédié à la divinité
Gros saucissons et jambons fumés
Gâteaux secs et glacés pour nos boyaux éplorés





      23.      L’EX BOULANGERIE « LE SOLEIL » DE SALORS - LE RUISSEAU – II

Photo prise le 20-03-2014

La boulangerie « Le Soleil » n’étant pas représentée sur la photo. Elle domine de face le commissariat du Ruisseau et jouxte à sa gauche un café qui fait l’angle. Sur le côté latéral de ce dernier, une rue marque la séparation d’avec les ex Ets Cauvin – Yvose et la boulangerie
«Le  Soleil » et mène directement vers le quartier du Mont-Fleury.
C’est le soleil du Midi auquel faisait allusion Salors, l’ex propriétaire de la boulangerie
« Le Soleil ». C’est lui, le matador, le flibustier des temps anciens, le fidèle serviteur de la baguette ruisséenne, disait-on au Ruisseau. La petite vedette de ce petit coin tant attitré, ne cessait-on de le répéter. Et c’est ici, au Ruisseau, qu’il laissera choir, en 1962, son four à briques réfractaires, son « abreuvoir » à deux bras, et sa pelle à enfourner. Une petite merveille qu’il laissera traîner derrière lui et qui laissera tomber une nouvelle fois, mais cette fois, de petites pépites en or, ou pâtons, qui iront directement aux mains des Hamlat, les frères Zoubir et Youcef.
Cette fois, c’est le pain des Hamlat, qui laisse échapper cette bonne odeur de farine qui rappelle les douces saveurs oubliées d’une enfance lointaine et joyeuse. Un pain qui vous captive à l’entrée de la boulangerie, qui vous séduit et vous sourit et debout sur la panière, et qui se laisse facilement emporter à la dégustation.
C’est le pain chaud des Hamlat, bellement façonné à la main, comme enduit d’une crème vanille au chocolat, qu’on emporte gaiement sous le bras en sifflotant, et qu’on prend plaisir à amputer de ces quignons tendres et craquelés en cours de route, et dont il ne restera enfin plus rien, une fois arrivé à la maison.
LE PAIN DES AMIS
« Ramène-moi du pain de chez « Le Soleil », me disait mon père en ce jour de repos. « Ne t’en fais, je le reconnais » s’empressa t’il de rajouter comme pour me mettre en garde contre toute nouvelle tentative de fraude. Il savait mieux que quiconque que j’éprouverai de la peine à y aller au-delà de la boulangerie de Mme Montiel. Alors, il préfère m’informer à l’avance pour éviter tout excès de langage qui ne mènera à rien.
LUI … C’EST EL-HADJ « SOLEIL »
« Un bel homme et il approche la cinquantaine » disait-on à propos de « Ammi » El-Hadj*. Il fait bien son âge, lui qui traîne et partout avec lui ce physique éclatant laissant découvrir toute la blancheur d’une peau kabyle. Il était beau avec cette moustache grisonnante finement retroussée vers le haut et ces yeux de bébé dissimulés derrière un sourire malicieux. Il était et demeure toujours séduisant avec ce regard angélique qui ne le quitte presque jamais et qui reflète toute la gaieté du cœur des gens de Ain-el-Hammam ex Michelet.

vieille mémoire des années 60.

LE SOLEIL DES BRAVES
Un vieil ami à mon père et de longue date. Je le revois encore emprunter à pied, d’un pas alerte et décidé, la rue de Lyon. Tel un loup blanc, « Ammi » El-Hadj ne passe pas inaperçu, avec ce corps trapu,  cette taille moyenne drapée dans cette large gandoura blanche, ce turban docilement posé sur une tête sereine et ces doigts fortement cramponnés autour d’une canne d’olivier qui ne le quitte jamais. Ce jour là, il s’empresse de rejoindre le café maure de Brahim à l’Oued-Kniss. Comme souvent, c’est pour y retrouver les siens et créer l’ambiance d’un soir autour de quelques tasses de café et une bonne partie de dames.
Un conflit familial qu’il convient de ne pas évoquer endeuillera cette famille et mettra fin à l’activité de cette boulangerie fermée depuis l’année 1991.

vieille mémoire des années 60.
Sacrée meilleure baguette du Tout-Ruisseau
Méritait en son temps la palme de « l’épi d’or » de la meilleure boulangerie du Ruisseau



El-Hadj : Titre de sainteté attribué à toute personne de retour du pèlerinage des lieux saints de l’islam.

     24.      L’EX BOULANGERIE « LE SOLEIL » DE SALORS  - LE RUISSEAU – III

Photo prise le 20-03-2014
Cette fois, le photographe s’apprête à quitter les lieux. Il amorce le virage à bord de son véhicule en marche, à l’angle même du Lycée Technique, et dirige la lunette du portable à deux pas près de l’ex boulangerie « Le Soleil ». On voit apparaître une importante zone sombre, liée à la vitesse de la voiture, au moment du clic.
Elle est bien loin l’épopée fleurie du pain bien pétri à la main et légèrement fermenté au levain, cuit à la douceur d’un feu doux, livré aussitôt aux caprices d’une balance indocile et cédé quelquefois à la lame effilée d’un tranchoir qui ne laisse rien échapper au hasard. Que de formes excentriques et fantaisistes. Que de noms bien originaux pour des baguettes biscornues, cornues, et tordues, à qui on aimerait bien tordre le cou pour en finir une bonne fois pour toutes. Que de variété autour d’une riche floraison de pains que l’on retrouve sur le présentoir en bois : On parlera du pain de campagne, du pain complet, du pain de seigle, de la baguette, de la couronne, de la ficelle, du pain blanc, du parisien, du saucisson, du bâtard, de la fougasse, du pain de mie, des petits pains, du pain brioché, du pain grillé et croquant, et de ces petites biscottes bien tournées et bien traitées. Il est vrai qu’on est loin, du pain noir des pauvres, de la miche paysanne d’autrefois, du pain noir des allemands, du pain gris de la guerre, du pain jaune de la libération et du pain de maïs américain.
UN ETE 42                                                                                                 Ce titre est tiré du film
Des sacs de blé, de farine, de semoule, d’une bonne valeur nutritive, disait-on, furent ramenés en grande quantité par les troupes américaines, lors du débarquement des alliés, en 42. Ils seront parqués au Stade du Revoil du Ruisseau, véritable raccard à blé à l’époque. Quelques uns seront dérobés, la nuit tombée, par les jeunes ruisséens, ex vétérans de l’O.M.R, dont certains demeurent encore en vie, d’autres décédés.
SI LE GRAIN NE MEURT …                                                                         André Gide
Ce sont ces longs épis dorés au soleil de Echéliff, de Vialar*, de Tiaret, de Sétif, de Bordj Menaïel, de Aïn-Bessem*, de Médéa qui iront rejoindre les minoteries de Durroughs, de Narbonne, de Barkatz, de Cornut, de Pons, de Ricci, de Ferrero* et de tant d’autres … où ils déposeront leur musc tendre et visqueux, avant d’être engouffrés dans la gueule d’un four impitoyable et jetés ensuite dans une corbeille en osier. On parlera et pour l’éternité de ces longs épis blonds, jaunis, grisés et recourbés par le soleil constantinois et qui ont fait jadis le bonheur des hauts plateaux de la Hodna.
ET LA MAIN DANS LA MAIN …                                                               Françoise Hardy
Des meuniers qui travaillent d’arrache-pied, la main dans la main avec de riches exploitants agricoles, comme ce fut le cas de Narbonne avec Durroughs (un panneau indicateur fixé au sol, à l’entrée des ex terres de Durroughs, porte l’inscription Droux). Ils finiront par s’associer pour mener à bien leur tâche … afin de faire le bonheur des autres. Un bonheur qui y subsiste jusqu’à ce jour.
LA HOUE, LA ROUE ET LA … BOUE
« Par l’épée et par la charrue » avait dit le maréchal Bugeaud. Ces pionniers de la seconde dimension ont préféré le soc de la charrue et les entrailles de la terre à l’épée. L’histoire leur donnera raison. Voyons ce que dit Borgeaud à propos de cette terre qu’il avait qualifié, avant son départ en 1962, de nouveau-né, à qui il donnerait encore la tétée. « Mais Mr Ben-Bella, c’est un nouveau-né que j’ai dans les bras. Je ne puis l’abandonner en ce moment même. Le quitter dans cet état, c’est l’exposer à une mort certaine. C’est un crime ! Laissez-moi tout juste le temps de le voir trottiner, et je m’en irai enfin rassuré. Trois ou quatre ans auront suffi. »
Ce petit bébé qui a pour nom Mitidja ne résistera pas longtemps à la folie meurtrière des hommes. Il sera livré à la furie bétonnière d’un monde boulimique qui ne ménagera rien sur son passage et mourra écrasé sous l’imposante masse de béton qui engloutira à jamais cette riche, belle et immense plaine.
LE PAIN DE LA TRINITE
Béni par Dieu lui-même, vénéré par les dieux de l’antiquité, béatifié par le pape, sanctifié par la loi de l’Eglise, sacralisé par les fidèles, sacrifié au récital de la bénédicité, recommandé par les diététiciens, le pain est devenu un objet de culte. Il traîne avec lui cette notion religieuse qui accompagne partout notre repas Pantagruel. C’est le pain de l’eucharistie ou le don du Christ. Un pain réclamé par tous les hommes de la terre, qui trouvera toujours quelqu’un pour le façonner, modeler et en faire un don aux fidèles. C’est la divinité même du Christ. Un pain bombé telle une brioche ronde, que l’on distribue gracieusement pendant la messe du dimanche matin ou durant la grande cérémonie des journées de l’apage.
DU SOLEIL SUR LES MAINS                                                                 Emmanuel Roblés
« T’es parti dans le vent, tu n’reviens plus jamais, toi le "moulin" que j’aimais … » disait une vieille chanson populaire. Ils ne sont plus parmi nous. Ils sont partis dans le vent, et ce depuis l’épopée chevaleresque de Cervantès et son fameux « Don Quichotte de la Manche » et le moulin à vent. L’écrivain Alphonse Daudet, quant à lui, préfère regrouper ses contes et ses romans dans son moulin à lui. Il nous assure qu’ils sont bien gardés dans un lieu tenu secret qui a pour titre « les lettres de mon moulin ». Abordons cette fois les moulins de nos chers meuniers et voyons ce qu’ils ont d’intéressant à nous proposer.
-          Compagnie algérienne de meunerie : … rue Ménerville, Alger. Fondée en 1919, meunerie et commerce de grains. 188, rue de Rivoli, Paris. P.D.G Mr R. Solal.
-          Compagnie franco-algérienne de semoulerie : … rue Bey Med el Kébir, Oran. Succursale à Marseille au 2, rue Papère.
-          Grands moulins franco-algériens : … route de l’Arba, Maison-Carrée, minoterie, semoulerie, pâtes alimentaires. P.D.G : Mr Roger Narbonne. Ils seront cédés à Durroughs.
-          Grands moulins du Hamma : … rue Lucien Sportisse, Constantine, succursale à Marseille au 88, rue St Jacques. Minoterie, semoulerie, couscousserie. Gérant Mr Lucien Magneville.
-          Minoteries Barkatz : …rue Séguy, Villevaleix, Constantine, semoule et farine.
-          Moulins de Chéliff : route d’Alger, Orléansville actuel Chélif. Fondés en 1928. Filiale des grands moulins de Paris.
-          Moulins Cornut (Exploitation des …) : Aïn Fekan à Mascara. Minoterie. Gérants : Combes et J. Pons.
-          Minoterie et semoulerie Ricci : … route de la gare, Maison-Carrée. Couscousserie, semoulerie et pâtes alimentaires.
LE GESTE AUGUSTE DU SEIGNEUR                                                 Victor Hugo
« J’admire assis derrière un portail ce reste de jour dont s’éclaire la dernière heure du travail … il va, vient, rouvre la main au loin et recommence … et je médite obscur témoin …

Vialar : Un ex petit bourg qui doit son nom au baron de Vialar. Pour s’y rendre en ce lieu, on emprunte l’autoroute qui mène à Oran. Vialar est situé dans l’axe routier qui relie Khemis-Miliana ex Affreville et Théniat-el-Had ex Théniat. Longtemps rattaché à Tiaret, Vialar porte aujourd’hui le nom de Tissemsilt et est le siège d’une wilaya ou préfecture.

aîn-bessem : Une ex petite agglomération située sur les hauteurs de l’ex Titteri et de Médéa auxquels elle fut reliée autrefois. Ses terres riches en céréales furent qualifiées jadis, selon le bottin colonial, de grenier de l’Afrique. Aïn-Bessem fut également réputée pour son vignoble de bonne qualité et son vin de haute teneur et bon marché qui portait naguère l’étiquette de vins de
Aïn-Bessem.

-          Moulins Ferrero : Situés sur les rives de l’Oued de Bou-Saâda, les moulins Ferrero furent longtemps « alimentés » par la poussé hydraulique des eaux qui en assuraient la régulation. Ce moulin qui a fait jadis le bonheur de la ville n’aura plus rien à nous donner cette fois. L’ensemble du site fut hélas emporté par les eaux en crue, en 1969, par ce même Oued qui l’a aidé à se propulser vers l’avant et qui « n’avait plus rien à se mettre sous la dent ». C’est ici, tout près des ex Moulins Ferrero que le film Samson et Dalila fut tourné vers la fin des années cinquante. On évoquera ce beau et grand jardin de plants et de roses, situé à proximité de l’Oued, et qui fut amoureusement entretenu par le personnel de Ferrero.
Ce dernier nous invite à côtoyer le monde imaginaire de l’utopie et à y goûter les pâtes alimentaires de son usine installée à Belcourt. Ricci nous propose de visiter son usine de production de pâtes alimentaires située à Blida et surtout à y veiller au grain après son départ. Quant à Raymond Pons, Rimo pour les arabes, il nous tire par le bras pour nous présenter son usine d’Hussein-Dey et nous faire découvrir et apprécier l’excellente qualité de ses fertilisants qu’il nommera « engrais du Dey ».



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