mardi 5 mai 2015

Mon Ruisseau ...suite3

     25.      LES CHUTES OU LE CHARCHAR DU HAMMA – LE RUISSEAU – I

Une photo légende qui marquera l’évènement grandiose du début du XXe siècle et qui ira s’inscrire dans les annales de l’histoire du petit Ruisseau.
Authentique chef-d’œuvre d’une vie mondaine à la française et précieuse source historique sur une riche odyssée marine de son temps.
L’univers du petit monde de Zola qui apparaît sous un nouveau jour et qui tente un bel rapprochement avec une société distinguée qui ne croit ni à la sueur du front de l’homme ni à celle d’une réconciliation, même bénie par les eaux sacrées des bains du jardin d’essais.
C’est le petit Ruisseau mondain des premières années 1900 qui ressurgit de nouveau. Une époque peu lointaine où le Ruisseau n’a pas encore pris la forme d’un bâti. Comme disait le dicton, c’est « tirer quelqu’un du Ruisseau », ce « quelqu’un » c’est le Ruisseau de mon enfance.
Admirable cliché qui, confié à la touche subtile d’un portraitiste savoureux, ouvrira de nouveau la voie à une nouvelle ère impressionniste.
L’ambiance d’une société raffinée qui s’attache à créer et à ramener un nouvel art de vivre à l’orée d’un nouveau début de siècle et à l’ombre d’une vieille source d’eau, vieille et authentique source d’inspiration.
Une scène de vie contemporaine, animée de personnages, qui a échappée avouons le, à la plume de Renoir et qui aura sans doute servi à enrichir l’immense collection de ce dernier, lui qui a connu les coins et les recoins du jardin d’essais et ses mystères. Il terminera avec
« les baigneuses » et l’écrivain et portraitiste Eugène Fromentin, auteur de brillants tableaux de chasse n’est plus là depuis bien longtemps.
Le chapeau de panama ou « canotier », le chapeau colonial ou « brousse », le chapeau en osier, le chapeau mou, le chapeau melon, la casquette, le képi … de ces messieurs s’associent conjointement pour tirer la révérence à la coiffure de ces élégantes. Ils finiront par aborder, et dans peu de temps, le frou-frou de ces jupes noires et blanches et le chapeau de ces dames de bonne compagnie.
Une scène de vie galante qui n’échappe pas à l’emprise de la parure, qui arbore gaiement l’habit du jour, pour la circonstance, et qui obéit bien entendu, aux règles de la mésalliance sacrée.
On voit une femme, probablement une domestique espagnole, à l’apparence frustrée, assise à même le sol, et qui semble impressionnée par les feux de la caméra. Tout près d’elle, une autre femme, servante espagnole, qui se plaît malgré elle, à partager le joie et les rires des petits enfants.
Charmante figure et vaste univers contemporain d’une belle et précieuse époque. Prise sur le motif d’une vie marine et livrée à l’art impressionniste, elle ira rejoindre « le Moulin de la Galette » de Renoir.
Une scène de mœurs picturales qui aurait inspiré Renan à s’exiler ici et Renoir à revenir et pour l’éternité.

On note la présence d’un nouveau style urbain de l’époque (voir photos du Café des arcades - N° 37 à 46 - 1ère partie) qui réapparaît de nouveau, mais cette fois, sous un bel air marin enchanteur. On aperçoit une rangée de claustras, une série de voûtes en plein cintre outrepassé identique à celles du Front de mer, un bungalow de type indo-britannique loin de la brousse indienne, mais plus près de la brise ruisséenne.
C’était chouette les filles du bord de mer … disait Adamo.
Décryptons cette merveilleuse scène de vie mondaine sous un bel aspect sociologique et cherchons à saisir la réalité intime de ces êtres à travers les stéréotypes sociaux et culturels de l’époque.
On voit à la gauche de la photo, un homme qui avance d’un pas lourd et mesuré. Il marche lentement et à petits pas, tête baissée et mains derrière le dos. Une démarche calme et paisible qui lui permet de s’assurer de tout ce qui brille … de ce soleil rayonnant, à ce sable fin et scintillant, à ces robes de satin et leurs reflets lumineux.
Une attitude de vieux « fonceur »* si l’on se réfère à  une ancienne étude psychologique. On lui prêterait volontiers l’apparence d’un cosaque avec ce crâne recouvert d’un chapeau de panama et cette épaisse moustache hissée vers le haut. C’est aussi l’expression d’un physique qui cache probablement une fausse pudeur qu’il invitera à se manifester le moment venu. Il ne tardera pas, et Dieu seul  le sait, à donner libre cours et dans peu de temps au génie du verbe. Patience et longueur de temps feuille de choux deviendra feuille de soie.
Dans la trajectoire de cette dame habillée tout en blanc, on aperçoit un militaire coiffé d’un képi qui, d’emblée, semble avoir repéré la perle rare. À en voir nettement la photo, il a déjà jeté son dévolu sur cette pléiade de jeunes filles à l’allure fort distinguée.
Regardons cette fois et de très prés, cette femme revêtue d’une robe blanche, symbole de pureté, large aux extrémités, et rétrécie au niveau des hanches. Telle une colombe, elle a du mal à poser le pied sur terre. Coiffée d’un chapeau de type haut-de-forme et chaussée de bottillon* à talons hauts, elle donne l’impression d’être habillée à la manière des muscadins. On croit savoir que cet accoutrement qui paraît bizarre de nos jours, et qui ne l’est point à l’époque, fut porté naguère par des femmes mariées à des officiers de haut rang. Pour ces derniers, tout réside dans le port du ceinturon* et du soulier, symboles de la toute-puissance coloniale.
Tout près d’ici, sur le côté gauche de celle-ci, on distingue une femme du monde à la grâce subtile et raffinée. Elle avance d’un petit pas léger mais souverain. La mise fort élégante dans l’habit et dans la coiffure* témoignent de son train de vie fort luxueux et lui confèrent l’allure d’une aristocrate. Une coiffure qui n’a rien à envier à celle d’aujourd’hui et qui est même superbe. Elle se fait accompagner dans sa démarche, gracieuse et pleine de vie, par une dame à la chevelure blonde et joliment amassée autour de la nuque. Une habituée des lieux sans doute et qui semble sûre d’elle. L’aisance dans la prestance et dans le style décontracté de cette dernière, accompagnés d’un léger sourire, attestent de son statut de femme du monde.
Passons, et rejoignons cette domestique espagnole dont le regard craintif inspire la commisération. Main sur la joue, elle promène du regard l’image d’un visage marqué par une profonde inquiétude. Une douleur répétée qu’elle tente de chasser d’un revers de la main. Une frustration dont l’origine réside probablement dans les rapports tendus d’avec le milieu dans lequel elle se trouve confrontée quotidiennement. Remarquons également cette coiffure dite « chignon de grand-mère » adoptée par cette servante, ce corps beau, fort et sain, idéal pour les travaux de lessive* et de ménage, et cette robe simple à carreaux*, faite pour les sorties, et synonyme de gaieté aux yeux des autres. Autant de critères de sélection imposés par les maîtresses de maison aux gouvernantes, à l’époque, auxquels viendront s’ajouter le dévouement, la loyauté et la discrétion  … A ses côtés, une consœur qui semble ravie de s’y retrouver en compagnie des enfants.
A proximité des rives, on aperçoit deux « enfants du bled » assis à terre. Deux vieux kabyles reconnaissables à leurs visages burinés et leurs teints basanés. Aujourd’hui est un jour béni. L’animation les remplit de joie. Elle les rend plus forts. Ils ont droit à beaucoup d’égard, à plus de reconnaissance. Ils se voient sollicités en ce jour nouveau pour apprivoiser une mer qui impressionne ce petit monde qui les ignore. Une belle revanche à prendre. On leur confie les dures besognes de la plongée, repêcher un « douro » tombé dans l’eau, récupérer un objet jeté dans le bain, ou tout simplement se livrer à une belle démonstration de plongeur. Une meilleure façon pour eux d’exhiber leurs talents de plongeurs aguerris, dans l’espoir d’obtenir une pièce de monnaie. On voit l’un, occupé à de menus travaux manuels. Quant à l’autre, il savoure paisiblement une joie intense, la main droite posée sur une jambe pliée. C’est toute la légende d’un « cheikh de la djemaâ » qu’il incarnera ce jour-là, ne serait-ce qu’un instant. Auguste Rodin n’aurait pas hésité à en faire un modèle.
Un monde civilisé, à la pointe du progrès, qui n’est point ému ou ébloui par la presse de la poire de caoutchouc de l’appareil photo, créé il y’a peu d’année, et qui, pourtant n’a pas encore pris tout son essor.
110 ans ou l’espace de trois générations et demi nous séparent de ce début de siècle. Si l’on tient compte de ce léger calcul, on aura : 3 x 33,3 = 99,9 (soit 1 siècle) auquel on ajoute 16 ans (ou la demi d’une génération) on obtiendra 116 ans, ce qui revient à dire qu’on n’est pas loin de ce début de siècle. Où certains pourront même reconnaître les siens.
Par ailleurs, en regardant cette photo vieille de 110 ans, tout porte à croire que la plus petite fillette âgée de 3 ans à cette époque, aurait quitté ce monde, si toutefois de mort naturelle,
il y’a près de 30 ans.

Fonceur : Pour ne pas dire de « vieux mufle » avec toute la connotation noble et académique qui revient à ce terme et à ce monsieur.
Bottillon : Il n’est porté que par les femmes de la haute société de l’époque. Le bottillon, tout comme la botte, idéalise l’échelle des valeurs dominantes en ce temps-là.
ceinturon : Comme cités précédemment, la botte et le ceinturon symbolisent l’idée de conquête dans la hiérarchie militaire. On n’est pas loin de l’expression « être à la botte » ou « sous la botte ».
coiffure : Elle fait partie du tablier et du bonnet et est de rigueur pour les gouvernantes, à l’époque.
Lessive : Remarquons la forte corpulence de ces domestiques recrutées pour leurs gros bras, tant recherchés pour les travaux de lavandière.
Carreaux : Robes ou chemises à carreaux, synonymes de « durs » comme l’atteste une étude – enquête menée en Angleterre en 1970, sous le thème « l’habit et son influence psychologique sur le comportement humain ».

26.      LES CHUTES OU LE CHARCHAR DU HAMMA – LE RUISSEAU – II

On croit savoir que c’est ici que repose l’épilogue du mot Ruisseau, qui sera attribué peu-après à la ville.
Un cours d’eau au régime irrégulier rendu impétueux par l’inégalité d’un terrain au relief accidenté.
Une eau ravine qui trouve sa source sur les hauteurs d’une colline déboisée -elle sera reboisée beaucoup plus tard- façonnée par l’inclinaison d’une pente abrupte, qui ira se jeter en aval sur une grande étendue de terre à la mouvance déjà fragile.
Elle formera un grand amas d’eau qui formera à son tour une immense étendue d’eau enclavée dans les terres et qui finira par être un grand littoral d’eau, séparé de la mer par un léger cordon de terre. On croit savoir que c’est en cet endroit même, que se trouve le fameux Chemin Vauban. Il portera l’appellation de Chemin ou Impasse Vauban, probablement en raison des durs travaux de terrassement, et de tranchées que les ingénieurs de l’époque eurent à effectuer pour aboutir à l’échappatoire. En fait, il s’agit d’une véritable fortification à la Vauban, d’où le nom. Il est vrai que au-delà, et plus bas, on ne côtoie que de grandes, moyennes ou petites constructions (ateliers, hangars, locaux …) à l’exception de l’immeuble Pernod édifié sur une hauteur, et la Cité Revoil érigée sur une surélévation, et en bordure du Chemin Vauban.
Une gigantesque nappe d’eau douce accumulée au fond d’une immense dépression, beaucoup plus vaste et beaucoup plus profonde qu’un delta qui ira se jeter ou s’accoupler dans la mer, au lieudit, les Sablettes et le Onze bloc, et se mélanger finalement à une eau saumâtre.
Mon Dieu ! Que de vieux souvenirs me rappellent cette rue calme et paisible qui portait jadis le nom du Dr André Laveran.

 27.      LES CHUTES OU LE CHARCHAR DU HAMMA – LE RUISSEAU – III

« Là, où il y a de l’eau, il y a la vie » il est écrit dans le livre saint. Et c’est parce qu’il y a de l’eau que les riverains se retrouvent forcément près des bassins d’eau pour s’y abreuver. Ils furent également un point de rencontres où tout se dit, se redit, se raconte et se délie …
Abordons cette fois ce récit par une vieille croyance populaire :
« Une eau bénie par les saints aux vertus miraculeuses et bienfaisantes » « fondée » il y a près de trois siècles par un vieux notable turc, nommé Baba Ali Neskis , disait la légende, et qui ouvrira peu-après la voie aux bains-maures . Le bassin du Hamma magnifie les bienfaits de Dieu sur terre et apportera à son bienfaiteur une moisson de louanges.
C’est ici que se trouvait la Kouba ou la coupole de ce saint marabout qui menait vers la fin de ses jours une vie d’ermite. Un bel endroit recouvert de pins et d’eucalyptus où l’on y servait, selon cette même légende, du thé et du café, à même le sol, et qui portera beaucoup plus tard, l’appellation de « Café des platanes ».
Une fresque murale apposée sur le mur du Charchar  sur laquelle on voit représentée une citadelle ou zaouïa. Une couche de peinture étalée sur les trottoirs de ce mémorial. C’est tout l’esprit du site, qu’on aurait dit une vieille cité antique gréco-romaine, qu’on dénature à coups de pinceau.

28.      LES CHUTES OU LE CHARCHAR DU HAMMA – LE RUISSEAU – IV

Charchar, une onomatopée qui désigne le bruissement ou le fracas de l’eau au contact du sol. Un « glou-glou », sauf qu’il se fait à une vitesse effrénée.
Voyons ce que nous enseignent les vieilles traditions populaires arabes :
Une petite portion de terre située à la lisière d’un bois, à l’ombre d’une riche végétation d’arbres touffus, de peupliers et de plantes, qui servait jadis de lieu de halte et de relais pour les caravanes de passage.
Un charmant petit coin fort prisé en raison de sa riche profusion d’eau surabondante, qui vous invite à boire l’eau de ce bassin et surtout à y apprécier la fraîcheur du site. On s’arrêtait ici, pour se reposer, ménager ou faire boire sa monture et même siroter un thé ou un café à l’ombre d’une vieille rangée de platanes, et y passer, pourquoi pas, la nuit.
On raconte même qu’Eugène Fromentin aurait peint ce bel endroit.
On parlera également de ce merveilleux vestige ottoman qui se trouve enseveli sous l’imposante masse architecturale de béton du musée des beaux-arts. On évoquera de même les restes de l’épave de la flotte de Charles Quint qui gît à quelques mètres de fond sous terre.
Ce bassin fut classé monument historique en 1911, et est restauré par le ministère de la culture en 1994.

29.      LES CHUTES OU LE CHARCHAR DU HAMMA – LE RUISSEAU – V

Un dispositif ou système D au moyen duquel on capte la petite quantité d’eau qui suinte en un mince filet d’eau le long des roches calcaires.
Le fût incliné d’une bouteille d’eau minérale en plastique dont la forme sciemment recourbée servira d’élément de canalisation. Il est destiné à imposer à ce fluide, au débit irrégulier, un écoulement constant tel l’ajutage d’un tuyau d’arrosoir.
Un long cours d’eau abondant au long cheminement tortueux qui puise sa source sur les hauteurs d’une nappe souterraine dite Les Sources* et qui, excité par l’inclinaison d’une pente escarpée ira se jeter à l’intérieur d’un bassin.
Privés de l’eau du Charchar qui a fait le bonheur du Ruisseau et sans lequel il n’aurait jamais vu le jour, le jardin d’essais, l’ex école d’horticulture, l’Institut Pasteur auront perdu un allié de taille et un cadre de vie irremplaçables.

Les Sources : Une ex petite agglomération coloniale rattachée à la commune de Bir-mourad-raïs. Elle domine aisément le Ruisseau et est distante de près de sept kms, à vol d’oiseau, de ce dernier. Cette petite étendue de terre, aujourd’hui grande par sa densité urbaine, et riche par son sous-sol naturel, renferme d’immenses réserves d’eaux ou nappes phréatiques qui lui ont donné l’appellation de Les Sources.

30.      LES CHUTES OU LE CHARCHAR DU HAMMA – LE RUISSEAU – VI

Mais pourquoi l’eau du Charchar est-il venu à manquer ?
Voyons cette première hypothèse, fort avancée en cette année 1980, date du séisme d’El-Asnam qui ne repose sur aucun fondement solide, encore moins sur les fondements d’une couche géologique.
L’intensité des forces internes générée par les lourdes secousses telluriques, liées au séisme du mois de mai 1980, ont considérablement réveillé la mise en place des roches sédimentaires qui se sont fortement désintégrées et asséchées l’eau de source. D’où l’absence d’eau douce du Charchar.
En voici la seconde hypothèse qui balaie la première et qui paraît plus crédible à mes yeux.
L’implantation du Sanctuaire du Martyr, en cette même année 1980, à quelques pas en amont du Charchar, suivie des différents travaux de sondage et de forage, ont fortement modifié la relation existante entre le tracé initial du cours d’eau et la structure du relief. Ce qui a d’ailleurs complètement dérivé ou dévié de son parcours le mouvement des eaux et mis à sec l’eau du Charchar.
Abordons cette fois cette petite déduction donnée par le narrateur qui ira enrichir les colonnes des hydrologues et des géologues.
Affaiblie par les lourdes secousses telluriques du séisme du mois de mai 2003, livrée aux lois physiques de la mécanique* des sols, la structure géologique ne résistera pas longtemps aux incessants soubresauts des forces internes ni aux interminables coups de boutoir de la masse pesante. Elle ira « mordre la poussière » et sera finalement réduite en poussière. Les roches sédimentaires se verront totalement effritées en roches meubles et l’eau sera détournée de son tracé habituel. Ce qui provoquera un tarissement total de l’eau du Charchar. Le Charchar  verra cette fois son eau s’amoindrir. Il n’abreuvera plus jamais le Ruisseau.

Séisme du mois de mai 2003 : Cette fois, l’épicentre du séisme du mois de mai 2003 se trouve à Zemmouri, plus près de Boumerdes, à quelques kms d’Alger, contrairement au séisme qui endommagea El-Asnam ex Orléansville actuel Chlef le 10 octobre 1980. Rappelons que Chlef  a connu en 1954 un fort séisme, qui ravagea entièrement la ville.Ne subsista à l’époque que le salon d’exposition de la maison Peugeot et la vieille mosquée du village.

31.      LES CHUTES OU LE CHARCHAR DU HAMMA – LE RUISSEAU – VII

Un long massif vallonné et boisé encadré par deux versants aux extrémités. C’est aussi un lieu de passage d’eaux naturelles et authentique gorge de déchaînement d’eaux souterraines dissimulées dans les entrailles de la terre. Un conduit rétréci entre des terres et des bas-fonds qui formera la partie inférieure d’une source d’eau qui ira se jeter dans un long réceptacle. Une forte pente en forme d’un entonnoir, qui servira d’amortisseur à la chute effrénée des eaux, qui recueillera les eaux rapides tombées des hauteurs d’une montagne, qui iront se jeter précipitamment dans la mer ou couvrir parfois l’immense étendue d’une nappe d’eau.
Les cols sinueux des hauteurs du Mont-Fleury, lieux de ravinement et d’écoulement d’eaux torrentielles, furent façonnés en banquettes* de façon à assurer un débit d’eau régulier à la descente. Une grande couverture végétale qui sera reboisée de nouveau afin de permettre aux plantes d’absorber les eaux de pluie, comme ce fut le cas pour la plantation d’orangeraies sur les terres marécageuses de la Mitidja.
On aperçoit sur la photo la rue du Dr André Laveran. Elle mène tout droit au siège de l’Institut Pasteur et au Royal Mont-Fleury. Un charmant petit coin, beau, doux et chaud, fort recherché par les jeunes couples qui préfèrent se refugier ici dans l’attente de l’ouverture des portes du Jardin d’essais.
« Et la main dans la main et les yeux dans les yeux… » disait Françoise Hardy.

Banquettes : Ce long relief montagneux sera aménagé en une pente douce (glacis) pour faciliter l’écoulement des eaux pluviales ou celles tombées des parois des montagnes. C’était en 1912.

32.      LES CHUTES OU LE CHARCHAR DU HAMMA – LE RUISSEAU – VIII

La partie principale, c’est la partie la plus touchée par la furie déchaînée des eaux de source, car durement exposée aux retombées de celles-ci. Elle facilitera par sa longue étendue la pose de tubes d’aqueducs qui amèneront les eaux capturées à se rendre directement vers la mer. Un long cours d’eau qui descend le long de la rive gauche, qui arrose légèrement une petite partie du Hamma, qui ira rejoindre dans le sens de la largeur cette autre extrémité droite (voir photo N° 33). Ils ne formeront qu’un, et finiront tous les deux par se jeter dans la mer. Naguère, une grande cavité d’eau de source, dont la largeur prend effet à partir des ex usines de la biscuiterie Cobiscal* et qui s’étend toujours dans le sens de la largeur jusqu’à l’ex école d’architecture*.
« Terre des hommes » disait Antoine de Saint-Exupéry

* : Les noms dotés d’un astérisque n’existaient pas à cette époque. Ils ne sont donnés qu’à titre indicatif.

33.      LES CHUTES OU LE CHARCHAR DU HAMMA – LE RUISSEAU – IX

Les premiers travaux d’assèchement de ce cours d’eau furent entrepris avec l’arrivée des premiers colons (les vassaux du Dey en firent un terrain de chasse …).
Le lit d’un long cours d’eau qui drainera derrière lui un immense dépôt de sable et d’argile, qui donnera naissance à une terre nouvelle. Une terre fragile qui renaîtra de nouveau et qui prendra peu-après la forme d’un merveilleux jardin botanique qui portera plus tard l’appellation de jardin d’essais. C’est aussi une grande étendue marécageuse qui sera retenue par les agronomes à des fins scientifiques en rapport avec la vie des plantes, des fleurs et des bêtes (actuel jardin d’essais)
« Les hommes de bonne volonté » disait Jules Romains.
C’est ici entre ce panneau publicitaire et ce panonceau métallique de couleur orange à caractère écologique que fut placée la plaque qui portera l’inscription Rue du Dr André Laveran.

34.      TERRE DES SABLETTES    
                                                               
Photo prise le 20/03/2014
Cette photo représente le terminal de la ville d’Hussein-Dey. Elle n’a aucun lien avec le récit publié ci-dessous. On quitte cette fois la rue de Tripoli ex rue de Constantine pour empiéter sur le bas-côté d’une longue artère qui s’avère exiguë pour contenir une ligne de tramway. A notre droite, on aperçoit le collège technique de Lafarge, lequel fait face aux Ets Brossette. On y domine, cachés sur la photo, le pont de Lafarge, remarquable œuvre du génie-civil de l’époque, l’immeuble Pernod, et la fameuse rue Hassiba Ben Bouali, ex rue Sadi Carnot.
Compte tenu du lien historique et inédit qui entoure cet évènement grandiose, l’article consacré à la série « Terre des sablettes » ne sera pas publié dans les colonnes d’internet.
Un bel et grand hommage à ces hommes de l’ombre, à ceux qui ont travaillé dans l’anonymat le plus total dans l’espoir de voir naître et renaître le Ruisseau. A ces hommes qui ont fait ressusciter le Ruisseau, loin des feux de la caméra. On évoquera également la légende de ces hommes qui ont fait assécher, reculer et recouvert de pavés et de blocs cette immense et large échancrure des sablettes. Une bande de terre côtière rattachée aux rivages des sablettes et du Onze bloc dont la pointe ira mordre une grande étendue de l’actuel chemin Vauban. Une langue de terre qui avance dans la mer et qui constitue une vaste étendue d’eau de mer salée.
Une entreprise noble, aussi noble que celle entreprise par Ferdinand de Lesseps pour le percement du canal de suez ou celui du canal de Panama et qui ne connaîtra point d’honneurs en raison de son inaccessibilité à la navigation maritime internationale, à cette époque.
Un travail gigantesque et ingénieux fut entrepris par les hommes du génie-civil où tous les corps confondus (hydrologues, travaux publics, eaux et forêts …) furent mis à contribution.
Une œuvre grandiose qui ira rejoindre la série télévisée « Les grands travaux dans le monde » de Daniel Costelle.
Des hommes qui mériteraient une reconnaissance éternelle. Sans eux, le Ruisseau n’aurait sans doute jamais existé. La ville aurait été engloutie par les eaux tout comme ce fut le cas pour les Pays-Bas, en 1952.
Le Ruisseau fut enfin sauvé. Il pourra vivre et respirer. Une opération réussie aux prix de maints et longs efforts. Que de sueurs écoulées ! Que de matières grises réquisitionnées ! Que de méninges usées ! Que de morts sacrifiés ! … pour le bien-être de ce petit monde et de ce petit Ruisseau.
« Tant qu’il y’aura des hommes » disait James Jones.

35.      LA GROTTE CERVANTES - LE HAMMA –           
  
 Photo prise le 02/01/2014
Cette photo, quelque peu émaillée, prise d’une distance de près de trente mètres, représente le narrateur à la sortie de la grotte Cervantès. Ce dernier qui, après avoir « exploré » l’intérieur de la grotte Cervantès, s’apprête cette fois à quitter les lieux en compagnie de ses amis.
Cette photo prise le même jour que les précédentes (voir photo I à 8, 1ère partie …) a été rajoutée à la demande de l’Institut des langues espagnoles installé aux …..
Celui-ci est informé que l’envoi ou la publication de ces photos ne pourront se faire que par le biais de la série « Les grandes aventures » et avec l’accord préalable du propriétaire du site.
Ces photos datées sont la propriété des ruisséens. Elles ont été exécutées à ma demande par une équipe de professionnels. Leur usurpation est un viol. Le viol est un délit… 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire