mardi 5 mai 2015

Le Ruisseau de mes quinze ans

Ce chapitre conçu avec l’étroite collaboration de mon frère et ami Rachid SEBA est dédié à tous mes amis du Ruisseau.
Ces photos accompagnées d’une interprétation et d’une mélodie musicale, peuvent être soumises à des droits d’auteur.

1.      L’ECOLE DES GARÇONS ET DES FILLES - EX LA CORDERIE - LE RUISSEAU - I

Une vue en perspective prise à hauteur de l’ex usine de chewing-gum Globo, aujourd’hui, cédée à une usine de métallurgie.
Nous voilà, devant l’école ex la Corderie qui ressurgit de nouveau, comme pour nous dire " me voilà ! je suis toujours là ". On aperçoit à la gauche de la photo, légèrement plus haut, la façade de la porte d’entrée de l’école des garçons suivie de celle des filles. L’école des garçons sera gratifiée de l’appellation Salem BouznadQuant à celle des filles, elle portera l’appellation de Ali Boussalem. Deux grands noms, à la mémoire de deux martyrs de la révolution.
La Corderie, un autre style de construction à l’aspect plus chaleureux qui diffère de beaucoup, et en divers points, de celui de l’école Mirabeau. On remarque à la droite de la photo, une petite partie de l’entrée chevaleresque des ex Forges Garcia, dont la façade et le  coté latéral demeurent non recouverts d’un habillage en cimenterie. En face, on y distingue un bel immeuble de la Cité qui viendra "mettre son grain de sel" comme pour nous dire "Eh, les gars ! on est tous les enfants du roi"
Que de fonds de culotte usés sur les bancs de cette école ! Que de semelles de soulier sacrifiées en cette rue à la gloire d’une bonne place dans les grandes écoles françaises et américaines.
                                                                                  vieille mémoire des années 60.


2.      L’ECOLE DES GARÇONS ET DES FILLES - LA CORDERIE – LE RUISSEAU – II

Joies, rires, jeux, chahuts… s’associaient naguère, pour créer un climat bon enfant et … corderien. Un bel endroit, qui respire encore la douceur de vivre de la petite famille ruisséenne.
Un petit coin, jadis amplifié par le brouhaha de nos petits-enfants, livrés aujourd’hui à la merci des automobilistes.
C’est sur le perron de cette vieille école que Mr Monge, assis sur un bureau, portait, en cette année 1962, mes coordonnées sur le registre des inscriptions de l’époque.
On distingue nettement, l’implantation de grilles métalliques aux abords de la porte d’entrée, garçons et filles, dont le but est d’empêcher les jeunes du quartier de s’asseoir, le soir venu, sur la plate-forme de l’entrée.
Remarquons le style prestigieux de cette vieille école où domine et en grand seigneur l’esprit conquérant de Jules Ferry. Un type de construction non courant de nos jours. Elle est dotée d’une longue balustrade où règne par son imposante stature cette légende de maître d’école tant vénéré. C’est d’ici que fut donnée en 1965/1966 la liste des candidats reçus à l’examen du certificat d’études primaires.
Dans le but de préserver la vie de nos enfants, il est impératif que l’entrée du parking souterrain de l’immeuble d’en face, ex Forges Garcia, soit située loin d’ici et dans le sens inverse de l’entrée de l’école La Corderie
                                                                                  Vieille mémoire des années 60.


Monge : Noble descendant d’une vieille famille de polytechniciens, illustre saga d’une grande lignée de mathématiciens, digne précurseur  des maths modernes et auteur de plusieurs ouvrages des sciences mathématiques, Mr Monge  fut professeur de mathématiques au collège La Corderie qu’il quittera en 63 pour y enseigner en France.
Le narrateur eut à évoquer dans ses recueils, édités il y’a plus de sept ans, le parcours de cet homme exceptionnel qui a quitté très tôt le collège La Corderie pour y regagner La France.


         3.      LES EX FORGES GARCIA - LE RUISSEAU - I

Un bel espace qui sera cédé il y’a plus de vingt ans à un particulier qui l’aménagea en une salle des fêtes. Il sera confié une nouvelle fois à un promoteur qui en édifia un bel ensemble de tours d’habitation.
Le nom des Garcia du Ruisseau s’envolera une dernière fois vers les cieux pour y retrouver les siens et les saints. Ils auront résisté tout de même à des siècles de valeur. Eux qui aimaient tant les hauteurs y seront servis cette fois.
Ce bel ensemble d’habitation constitue une belle affaire pour ce promoteur, compte tenu du fait que le Ruisseau ne dispose, à l’heure actuelle, d’aucune assiette propice à la construction. A la droite de la photo, on y aperçoit un petit carré, ou nouvelle entrée de cet immeuble. C’est ici que se trouvait la porte d’entrée principale aux panneaux métalliques des ex Forges Garcia. Elle faisait face à l’actuelle porte d’entrée de l’école La Corderie, et portait sur le fronton de la façade l’inscription suivante " Atelier de mécanique et de réparation de voitures neuves et d’occasions".
Il est près de 10h du matin, nos mamans ont déjà fait leurs emplettes au marché Le Revoil et s’apprêtent cette fois à rejoindre le doux logis familial.
Le narrateur eut à évoquer dans ses précédents recueils datés de moins de six ans les causes et circonstances de l’incendie qui ravagea les locaux des ex Forges Garcia. On parlera comme en
de pareils cas d’un vieux caïd de la maison Garcia qui venait de s’éteindre ce jour là.
                                                                                     vieille mémoire des années 60.


Neuves : "Voitures neufs" disait l’inscription. Une faute de grammaire vite rectifiée par ces petits chasseurs en herbe, que nous étions et toujours à la recherche de sensations nouvelles. 


         4.      LES EX FORGES GARCIA - LE RUISSEAU - II

Une photo prise à l’angle même de l’immeuble de la rue René Bazin. On y distingue à la gauche de la photo une infirme partie de l’immeuble de la Cité Revoil.
La grande Cité, la Cité  Revoil, l’immeuble de la rue René Bazin, de beaux et grands immeubles qui seront classés « cités ouvrières » par l’administration coloniale.
Une grande coterie familiale ou le mot  " regroupement familial" revêtira ses lettres de noblesse, en ce temps là.
Souvenons-nous de ces lettres d’alphabet joliment apposées sur le fronton de chaque immeuble de la Cité, de la Régie, qui serviront de repère d’identification à chaque locataire, et qui finiront par être altérées par l’usure du temps et le manque d’entretien, avouons le… .
Il y’a dans Bazin ce profond attachement à la terre et cette noble vertu ancestrale que l’on retrouve chez les Angevins qui ira aboutir finalement au constat de désillusion de  "la terre qui meurt». En ces années 30, les œuvres de René Bazin sont beaucoup lues et connaissent un succès fou, au point où les autorités municipales décident d’attribuer à cette rue l’éponyme de René Bazin.
"La terre qui meurt" un ouvrage qui évoque le déracinement rural ou l’accaparement des masses paysannes par les villes tentaculaires, selon les propos même du Dr Devraigne, médecin accoucheur à l’hôpital Lariboisière et membre du conseil supérieur de la natalité. Il sera cité en référence par ce dernier, lors du congrès médical Alliance et Hygiène sociale tenu le 30 Octobre 1938, à Saint-Etienne.
Jadis, sur les murs des ex Forges Garcia à l’endroit même où se trouve garée cette voiture, y furent placardées les affiches du cinéma Stella : On gardera en mémoire : Le géant de la vallée des rois. Maciste l’homme le plus fort du monde. Qui êtes-vous, Mr Sorge ? 
vieille mémoire des années 60.


          5.      L’ECOLE MIRABEAU - LE RUISSEAU - I

"Allez dire au roi que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes".
                                                                                                Le comte de Mirabeau
Noble, rebelle et infidèle tout comme son maître, l’ex école Mirabeau nous rappelle ces vieilles écoles du midi de la France.
Un style de construction fort répandu au début du XIXe siècle, tout comme les aimait Anatole France, Jean Giraudoux ….
Elle portera beaucoup plus tard le nom de Abderrahmane Rebaine. Un autre grand nom de la révolution algérienne.
Un caractère sévère et bourgeois où seules la baguette et la voix puissante de l’instituteur dominent l’estrade et se font entendre au loin. À l’intérieur de ce préau, une grande cour flanquée de colonnes nous rappelle cette fois le style d’une cathédrale.
Il y’a dans cette école quelque chose de solide, de puissant, de vénérée, de profond, de sacro-saint, que l’on ne saura sans doute jamais.
On aperçoit au dehors la façade de cette vieille école qui brille toujours par son côté ferme et imposant, et qui apporte quelque chose de respectueux à cette architecture austère et puritaine.
Notons le soin apporté à la mise en relief des moulures ou au motif de l’ornement, à la forme symétrique des éléments ou à l’aspect harmonieux de l’objet, au rapport dans l’harmonie ou à la liaison dans l’assemblage, à la tonalité dans l’encadrement ou à l’impression du motif, à l’uniformité du profil ou à l’aspect dans les lignes , au respect des proportions ou à la déférence dans le rapport des parties, à la puissance de l’harmonie ou à la force dans l’assemblage, au couronnement dans l’entablement ou à l’élément décoratif dans la partie supérieure… .
On remarque le contraste relevé quant à l’emploi d’une couche de peinture marron aux tons criards apposée sur la façade de l’école et opposée sur des éléments aux motifs architecturaux d’un même ensemble. C’est ce qu’on appelle donner le ton à une fausse note et fausser le ton.
vieille mémoire des années 60.

          6.        L’ECOLE MIRABEAU - LE RUISSEAU - II

Un petit coin intime et chaleureux et de bon aloi, qui conserve toujours le charme d’antan et le caractère sacré de l’époque. On passerait des heures et des heures à voir ce bel endroit sans jamais se lasser ni se prélasser.
Une rue qui abrite jusqu’à ce jour le local de l’honorable famille de matelassiers, les Bahouhou. Les frères Krimo et Mourad, dont le vieux père nous a quittés en 95.
Au fait ! Sait-on quel est l’éponyme attribué par l’administration coloniale à cette rue, au nom méconnu, aujourd’hui baptisée Med Rouni, et précédemment cité dans mes premiers recueils édités, il ya plus de dix ans ?
Quelle est belle, douce et chaude cette ruelle ! Qu’elle est belle ! et elle le restera… .
                                                                                    
vieille mémoire des années 60.


     7.      L’EX COLLÈGE MIRABEAU – LE RUISSEAU – III

On aperçoit sur la photo l’ex collège Mirabeau, un prolongement de l’ex vieille école Mirabeau, située à quelques pas au-dessus de l’école la maternelle. Une centaine de mètres à la droite de ce collège et on accède cette fois aux portes de l’ex école Mirabeau.
On voit porté en gros caractères arabes l’inscription Takfarinas en hommage à un guerrier berbère de la vieille Numidie, contrée de l’ancienne Afrique du Nord.
L’édification d’un nouveau lycée aux abords de l’immeuble « les 14 », en 1984 allégera les programmes scolaires de ce vieux collège qui deviendra une simple école primaire. Un charmant petit coin douillet pour une maman poule, qui ouvrira grands ses ailes comme pour couver ses petits. Quelle chaleur !
Une petite famille où tout le monde se connaît … se tutoie. On aperçoit un arbre touffu qui cache une bonne partie de ce charmant collège qui réclame tout juste quelques petits soins d’élagages qui tardent à venir.
Souvenons-nous de la directrice de ce vieil établissement dont le nom m’échappe, qui y demeura ici jusqu’à l’année 70, et dont le mari fut chef de parc dans un grand atelier de métallurgie, situé à Maison-Carrée.
On remarque tout à fait au fond de la photo une vieille maison en tuiles rouges, propriété du lycée technique du Ruisseau. Derrière celle-ci, l’immeuble «les 14 » de la rue Hélène Boucher. Tout près et plus haut, l’immeuble de la rue René Bazin.
Vieille mémoire des années 60.

8.      L’EX SALON DE COIFFURE DU COUPLE SUZANNE ET MARCEL – LE RUISSEAU – I

Aujourd’hui, propriété de la famille Belaïfa.
Qui aurait prédit un instant que c’est l’ex salon de coiffure des époux Suzanne et Marcel ?
Je le revois encore devant le pas de la porte de son ex salon de coiffure, les mains croisées, et les jambes légèrement écartées.
-          Bonsoir, Mr Marcel ! lui dis-je.
-          Bonsoir ! me répondit-il
-          Alors bien travaillé, petit !
Cette fois, un sourire illumina mon visage. Il avait compris. C’est ainsi que je le saluais, presque chaque soir, à ma sortie d’école, et c’est ainsi, qu’il me rendit la pareille. C’est surtout, pour respirer un peu d’air frais que Mr Marcel se tenait quelquefois debout, devant le pas de sa porte. Un bel homme, ce Marcel. Il présente bien avec ce corps trapu, cette taille moyenne, ces cheveux en brosse joliment rejetés en arrière et ces tempes grisonnantes … Un bel assortiment pour ce séducteur plein de charme à qui on prêterait volontiers le look d’un rugbyman aux abois.
Suzanne quant à elle, belle, douce, tendre, et fragile, de l’avis même de celles qui lui ont confié leurs têtes pour un brushing, elle s’accordait quelques moments de répit, le soir venu, pour se faire belle, très belle et afficher pour son plaisir et celui de ses clientes, une coiffure d’un genre nouveau, en vogue à l’époque. Cette fois, c’est décidé. Elle optera pour une coiffure à la Edith Piaf.
Le couple passera les dernières années de son séjour ici au Ruisseau à apprécier le charme de la campagne. Il voyagera beaucoup en taxi et profitera au maximum de la vie au grand air et des joies des pique-niques, des week-ends et des jours fériés.
vieille mémoire des années 60.

Brosse : Un style de coiffure léger et fin, qui laisse aisément passer le peigne. Il est facilement adopté, si l’on peut dire ainsi, par la génération du XIXe siècle, car sans encombre. Un mode de coiffure qui correspond le mieux à l’harmonie du visage de Mr Marcel. Longtemps oublié, il sera relancé et remis au goût du jour par une jeunesse branchée et sous une nouvelle appellation dite « hérisson ».
Grisonnantes : Tempes grisonnantes ou « favoris ». Elles seront bellement façonnées, en cette année 80, par les stars d’Hollywood qui y apporteront une légère teinte d’un blanc artificiel, de chaque côté du visage.

    9.      L’EX SALON DE COIFFURE DU COUPLE SUZANNE ET MARCEL –LE RUISSEAU– II

Il changera de look et revêtira l’habit d’un bel établissement de communication. Avec ses multiples services, on aurait dit ces beaux studios de l’audio-visuel que l’on voit généralement dans les rues de Munich.
Le local sera cédé en 73, et ce après plusieurs années de fermeture, à une dame, coiffeuse de son état, qui exerça elle aussi, la même activité que le couple précédent. Fermé de nouveau, il sera repris il y’a près de quinze ans, par la famille Belaïfa du Chemin Vauban. Le petit Amine assure à ce jour la gestion de l’établissement et le vieux père, ex vétéran de l’O.M.R, est là, pour l’abreuver de ses conseils de vieux maître.
A la gauche de ce local, on y distingue un ex magasin de mercerie situé à l’angle de cet immeuble. Il sera repris en 1974 par Mr Terkia, un technicien T.V. et radio, passionné de cyclisme, qui en fit un local de réparation de téléviseurs et radios. A la droite de cet établissement, l’ex pharmacie Dachau.
Les Belaïfa, une famille toujours à l’avant garde de ce qui est utile et agréable au Ruisseau.

 vieille mémoire des années 60





Mon Ruisseau ...suite1

10.      L’EX PHARMACIE SALIGNY-ACTUELLE PHARMACIE LARAK F. –LE RUISSEAU

Très ouverte sur le Ruisseau, elle domine la placette, ex fief des « jeunes loups », et est située non loin de l’intersection de l’ex rue de Polignac, actuelle rue des fusillés. Un bel emplacement.
On remarque à la droite de la photo, une légère partie du mur latéral du local de Djillali le buraliste. De longues marches d’escalier nous mènent directement vers le quartier du Mont-Fleury. On y distingue à la gauche de la pharmacie Larak, l’ex boutique dite « Epicerie fine » de Brahim le mozabite, qui sera scindée en deux parties.
A la droite cette fois de la pharmacie Larak, on aperçoit l’ex atelier de mécanique générale de voitures dit « Garage Djurdjura » de « Ammi » Mustapha. Cette fois, on n’est pas loin de l’ex bar Atlas, de l’ex café des arcades, de l’ex poste et de l’ex cinéma Stella.
Après le départ de Mr Saligny en 1965, et après plusieurs années d’inactivité, l’ex pharmacie Saligny sera reprise par un Docteur en pharmacie nommé Bachir Thaminy. Un mozabite dont le look s’apparente à celui d’un européen né. Un pharmacien hors-pair qui aura fait ses premières classes dans les universités françaises.
Fatiha Larak, cette dame pure produit de la francophonie, venue très tôt dans le domaine de la pharmacie, sitôt après avoir obtenue son diplôme de Docteur en pharmacie, saura concilier éthique médicale, amour de la profession et exigence de la famille ruisséenne, pour le bonheur de cette même famille.
C’est l’automne, le Ruisseau prend froid. Il tousse. Il s’enrhume. Son corps subit les fluctuations d’une température variable dont seule Me Larak, par sa riche et longue expérience, a le secret.

Le Ruisseau et Larak, une ville et un nom associés et logés à la même enseigne depuis 1976, bientôt quarante ans.
Mérite le titre de la meilleure officine pharmaceutique de la rue Med Belouizdad ex rue de Lyon.
vieille mémoire des années 60.

11.      L’EX RUE RAYMOND POINCARE – L’OASIS -  –LE KOUBA - I

Une photo légende ou vieux « cliché » dont la date demeure inconnue. Elle représente l’ex artère Raymond Poincaré, probablement, au tout début des années 40. Elle servira de puzzle aux récentes photos qui vont suivre et qui apporteront sans doute quelque chose de mémorial.
Une scène de vie citadine où se dessine un intense trafic routier qui rappelle cette autre photo légende N° 35 - 1ère partie, avec toutefois moins d’animation. C’est le Ruisseau des tendres années 40, ou de la vieille époque. Celui des villes et des champs* que l’on retrouve dans la fable de Jean de la Fontaine et dans les merveilleux romans de terroir ou dans les contes de Marcel Pagnol, de Marcel Aymé, de Louis Pergaud, d’Henri Bosco, de Bernard Clavel, de Jules Romains, de Romain Rolland
Cette fois, le Teuf-teuf*, comme disait Georges Duhamel gagne du terrain et bouscule de « plein fouet » et avec un « fouet » la charrette et la monture du charretier. Il promet même de bouleverser les modes de vie et les incertitudes campagnardes.
L’éclairage public fait son apparition dans la ville. Cependant la lanterne et le quinquet subsistent encore dans les foyers domestiques éloignés ou dans les provinces déshéritées. On remarque à la droite et à la gauche de la photo, quelques vieux hangars qui rappellent l’épopée florissante de la fabrication de bonbonnes et des futailles, de la charpente  et menuiserie du bois, du commerce des vins et liqueurs, de la forge et ferronnerie, de la clouterie et ressorts, de la boulonnerie et vis, des textiles et soieries, des lièges et bouchons, des bâches et tentes, de la cire et bougies, des espadrilles et sandales, de la ficelle et corderie, de la bonbonnerie et confiserie, de la vannerie et sparterie, et ustensiles et accessoires de cuisine …
Cette fois, c’est tout le charme d’un vieux paysage ruisséen qui sera modelé et remodelé au gré d’un monde nouveau. On mesure néanmoins l’immense progrès réalisé sur une rallonge de deux générations. Il est vrai que les mœurs des années 30 et 40 ont beaucoup évolué par rapport à ceux d’aujourd’hui.
Le narrateur évoque pour vous une scène de vie citadine des années 30 avec toutefois une légère retouche  …
Tôt le matin, c’est le ronflement du moteur des camions du marché Les Halles accompagné par le brouhaha des marchands des fruits et légumes qui vous sort rapidement du lit. Il est suivi peu-après par le cri du laitier et le fracas des bonbonnes qu’il dépose sous le porche de l’immeuble et qui s’entrechoquent gaiement les unes aux autres comme au son des fourneaux de cuisine. Ensuite, c’est le tour du mitron* qui arrive à bord d’un tricycle et qui remet une baguette de pain à chaque client. Cette fois, il s’empresse de rejoindre la boulangerie pour une nouvelle livraison. La recette est au plus fort cette semaine. La boulangère lui a promis une bonne surprise pour ce soir. «Ce sera quelques moments de volupté, la nuit tombée ».
Le Ruisseau n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. Voyons cette fois ce que nous réserve l’avenir incertain …
vieille mémoire des années 60.

Teuf-teuf : Nous sommes dans les années 20. Georges Duhamel nous décrit le train de vie d’une famille bourgeoise parisienne. »Pas de bobo, jeunes gens ! »  s’exclame-t-il. L’auto fait son apparition dans Paris. Cette fois, on se demande s’il fallait dire un auto ou une auto. C’est la guerre des mots. On sollicite le concours de l’Académie française. La voici, qui arrive à bord d’une auto, et en grande pompe. La documentation de Renault, Peugeot, Citroën s’enrichit et le Larousse nous invite cette fois à découvrir l’étymologie du mot auto.
Mitron : Bernard Clavel qui nous fait partager dans « la maison des autres »  les péripéties d’un enfant de la campagne, s’associe cette fois avec Marcel Pagnol dans « la femme du boulanger » pour nous faire revivre les délices d’un climat passionnel et bien provençal.

12.      L’EX RUE RAYMOND POINCARE – L’OASIS -  –LE KOUBA - II

Une belle vue d’ensemble qui représente une légère partie de l’Oasis où subsiste encore le charme des vieux jours. Elle porte aujourd’hui l’appellation de Omar Boudjatit à la mémoire d’un martyr de la révolution.
Elle est reliée selon le plan municipal, et au grand regret des ruisséens, à la ville de Kouba, mais elle garde toujours l’empreinte fer à cheval du Ruisseau. Derrière moi, légèrement plus haut, de charmantes propriétés de maître dotées chacune d’un style particulier.
L’Oasis, un quartier résidentiel, calme et paisible. C’est le Kouba des tendres années, où il faisait bon vivre. Son emplacement ici, en ce lieu, surplombe le Tout-Alger et offre une belle vue sur la mer.
Le Kouba, jadis petite province de l'archevêché, petite étendue des sœurs religieuses, salon de l'aristocratie, milieu des industriels, cénacle des médecins, cercle littéraire des intellectuels, foyer du Racing Club de Kouba, aujourd'hui fief de l'intégrisme.
On y retrouve chez certaines familles algéroises, nobles héritières du passé, un mobilier rustique de grande valeur … tables de salle à manger finement ciselées, argenterie dotée d'une dalle de marbre veinée de vert, chaises cannées ou à ressorts assouplis, comtoises, pendules, tableaux néerlandais … le tout jalousement conservé par de riches familles conservateurs.
Ce sont les services de l'ambassade de l'Allemagne fédérale qui ont conquis, croit-on savoir ce petit paradis, totalisant le plus grand nombre de résidences … crèches, instituts, annexes …
L’OASIS DE LA COLÈRE
Nous sommes en 1984. Dans le but de permettre l'aménagement d'une autoroute, à partir du point dit le TIR, plusieurs villas de maître situées au cœur de l'Oasis, à une trentaine de mètres derrière moi, furent complètement démolies, et leurs propriétaires emménagés vers une autre cité, au lieudit Aïn-Naâdja. Certaines familles, enfants du Ruisseau, connaîtront le désespoir amère d'avoir été contraints de quitter le Ruisseau, terre de leurs aïeux, et flirteront à jamais avec le syndrome du mal de vivre. Ils n'arriveront ni à s'intégrer dans leurs nouvelles zones d'habitat (paysage hostile, environnement sinistre …) ni même à cohabiter dans un même immeuble ou à communiquer avec le nouveau voisinage (incompatibilité d'humeur, différences de cultures …). Ce sentiment d'impuissance qui fait que l'on se sent chassé du Ruisseau, accompagné d'un changement de résidence créera dans beaucoup de familles un climat de psychose larvée (perpétuelle hantise des lieux d'accueil, troubles de caractère, inadaptation au milieu, perte, ou dévalorisation de la personnalité, contrariété ou contraste entre plusieurs éléments opposés …) allant même jusqu'à entraîner une paralysie partielle ou totale chez certaines personnes de tendance fragile. Il naîtra dans les esprits de certains d’entre elles le ressentiment douloureux d'une injustice difficile à supporter et à réparer.
vieille mémoire des années 60.

           13.      L'EX RUE RAYMOND POINCARE - L'OASIS - LE KOUBA - III

L'artère Raymond Poincaré, une belle avenue qui connaîtra un grand aménagement du réseau routier, en 1972. Des travaux de viabilité liés à l'élargissement de la chaussée furent confiés à un bureau d'études*  de génie-civil.
A ma gauche, de l'autre côté de la chaussée, une ruelle, cachée sur la photo, nous mène tout droit vers l'hôpital psychiatrique Drid Hocine. Un léger détour, ou bifurcation, nous entraîne cette fois vers la rue Ampère. Toujours à la gauche de la photo, et plus bas, on y distingue trois voûtes cochères alignées les unes auprès des autres. Ce sont les ex entrepôts des limonaderies Hamoud Boualem qui conservaient, il y'a peu de temps encore, l'armoirie des établissements Hamoud Boualem, aujourd'hui disparue.
On note, tout près de ce dernier, l'apparition d'une carcasse en béton qui viendra enlaidir la beauté du site. Un type de "construction" dépourvu de caractère, fort légion dans notre pays, qui ira troubler le charme fou des Oasis et rejoindre cette autre surélévation édifiée beaucoup plus bas (photo N° 35, 1ère partie).
vieille mémoire des années 60.


MaÎtre-D'œuvre : Un bureau d'études de génie-civil du nom de l'architecte chargé de la réalisation de l'ouvrage qui a pour dénomination Andrieux.

vieille mémoire des années 60.

             14.      L'EX RUE RAYMOND POINCARÉ - L'OASIS - LE KOUBA - IV

Je me trouve tout près de l'actuel ministère de l'Education, ex ministère de la Protection sociale, naguère terrain vague. Un bel immeuble édifié sur un vaste emplacement, au tout début des années 80. Légèrement plus bas, à la droite de cette voiture de couleur blanche, un long chemin nous mène vers l’ex rue Alex Chanel. On aperçoit également un grand immeuble de style classique*, identique à celui qui borde l’entrée du Stade Municipal du  Ruisseau. Naguère, il y abritait, au rez-de-chaussée, un vaste salon d’exposition* de navires de plaisance, de yachts, de hors-bords, de vedettes ou de petite embarcation maritime … Aujourd’hui, véritable blockhaus que l’on voit peint en blanc et bleu-ciel. Ne subsiste à l’heure actuelle que le parfum de  ces vieux hangars dont les toitures nous rappellent ces beaux chalets Suisses. On y fabriquait à l’intérieur de ces ateliers … des bonbons, berlingots, sucettes, caramels …
Une époque lointaine où le regretté Rim Tayeb décédé en France, il y’a près de douze ans, nous gavait, tout petits, de confiserie. C’était en 1964.
Le narrateur souhaite ne pas s’exprimer sur le devenir de cette longue étendue qui nous mène jusqu’à la station de téléphérique du Ruisseau ex Square, au risque de créer un climat de psychose …
vieille mémoire des années 60.


      Classique : On en voit pareils immeubles dans le quartier de Belfort,non loin de l’Ecole Nationale    Polytechnique.
Salon d’exposition : Jadis, un bel immeuble situé sur la place Hoche, actuelle Ahmed Zabana, face à l’ex café des artistes, à quelques pas plus haut du Lycée Félix Emile Gauthier, aujourd’hui Omar Racim, et non loin de l’ex boulangerie Deveza, abritait le siège commercial des bateaux de plaisance. N’oublions pas l’ex boulangerie des Deveza de Ain-Taya, des enfants prénommés Francis, Georges et de la fille … dont le prénom échappe aux riverains.

15.      L'EX RUE RAYMOND POINCARÉ - L'OASIS - LE KOUBA - V  

Une belle artère piétonnière qui transporte avec elle tout le charme vieilli des beaux jours. On y  distingue sur le côté gauche de cette longue et grande allée la charmante propriété de l’honorable famille des Bouraoui. Une plaque de marbre, pure modèle des années 30, porte à la hauteur de la porte d’entrée les caractères gravés de « Villa Ste-Anne ». Légèrement plus bas, une autre enseigne porte cette fois l’inscription « Villa Marie-Thérèse ».
On gardera en mémoire le style merveilleux de cette maison de maître dont la longue étendue du mur d’enceinte connaîtra une surélévation. Naguère, une vue de l’extérieur laisse entrevoir les marches d’un escalier qui débouche directement sur le hall de l’entrée de cette magnifique résidence.
vieille mémoire des années 60.


16.      L’ECOLE DE LA RUE DES SPORTS – LA REGIE – LE RUISSEAU – I

Un nouveau look pour cette école de la rue des Sports qui se tenait jadis loin de toute turbulence, elle qui n’appréciait guère le chahut de ces supporters acharnés, le plus souvent étrangers à la ville.
Toujours accolée au mur du Stade municipal, elle continue de tourner le dos à ce dernier, comme pour bouder sa présence ici, tout près d’elle. Elle sera dotée d’un ensemble mur-rideau qui lui donnera cette fois l’aspect d’un bel Institut des sports.
Le chiffre 1 du Stade municipal, symbole omniprésent de podium a disparu laissant cette fois La Régie orpheline … mais debout.
vieille mémoire des années 60.


17.      L’ECOLE DE LA RUE DES SPORTS – LA REGIE – LE RUISSEAU – II

On aurait dit un bel Institut des sciences, tout comme ceux que l’on voit généralement dans les rues de Bâle, en Suisse. Un emplacement qui domine aisément La Régie et qui lui permet en outre d’avoir une belle vue sur les entrées et sorties de chacun. La rue des Sports, une cité ouvrière qui héritera d’un sang noble.
Le jardin d’essais fut depuis plus de cinq ans un lieu de cantonnement des troupes alliées, et la placette joliment fleurie à l’époque, fut le lieu privilégié de la séduction.
On y célébra, en 1964, sur la placette de La Régie, la circoncision des enfants des chouhadas. Une grande fête fut donnée en leur honneur par les ex moudjahidines. Ben Bella dont le cortège présidentiel empruntait ce jour là la rue Hassiba Ben Bouali ex Sadi Carnot, fut informé de l’heureux évènement. Comme dans ses habitudes, il s’y rendit à La Régie « sans préavis », passa en revue les benjamins et y prononça un discours où il fustigea longtemps l’impérialisme et ses valets.

vieille mémoire des années 60.